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1880
Louis Charles Estancelin à Alfred de Falloux
Paris, samedi 1880
Merci de votre bon souvenir envoyé ici comme imprimé au bureau de la Ligue de l'agriculture, je ne l'ai vu que ces jours passés. J'ai une telle masse d'envoi en tous les points de la France, qu'il y a eu encombrement et retard, forcé dans les réponses. Je serai toujours heureux d'être près de vous dans toutes les luttes que vous soutiendrez. Dans votre affaire, l'odieux et le grotesque se donnent la main ! Voir des gens qui n'ont ni sens ni <mot illisible> vouloir étaler la générosité qu'ils font, (avec votre argent) au milieu des supputations, et <mot illisible> leur reconnaissance cela est trop fort!
Enfin que voulez-vous ! Nous n'avons que ce que nous méritons ! Dieu nous avait donné le droit, la loi de la force et nous avons été assez niais pour ne pas nous servir de cela pour livrer la grande bataille ! !
Car le tournoi à armes émoussées du 16 mai n'a été qu'une mauvaise, mais dangereuse plaisanterie!!
Enfin quittant le terrain politique venons sur le terrain agricole qui est plus solide.
J’essaie de réunir, dans ce champ de bataille pacifique, tous ceux qui ont un intérêt commun à défendre, et ce mois-ci je fais paraître le journal la ligue de l'agriculture dont la rédaction sera bonne je l'espère : je ne saurais que la pensée dirigeante, j'espère que sa ligne vous conviendra, et je vous prierai s'il en est ainsi, de de recommander à vos amis de s'unir à notre œuvre.
J'ai les bronches fatiguées et je suis obligé de partir pour le Midi, mais un personnel compétent sera à son poste : tout ce qui viendra de votre part sera toujours accueilli avec un vif plaisir. Nous ne ferons pas de politique, mais la critique des actes d'un ministre ignorant n'est pas de la politique et nous ne nous en gênerons pas.
Croyez, cher ancien collègue, à l'expression de mes meilleurs sentiments.
Estancelin
