CECI n'est pas EXECUTE Ier septembre 1878

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Ier septembre 1878

Alfred Fredet à Henri Vincent

Brignoud1, 1er septembre 1878

Monsieur Henri Vincent, Rédacteur en chef du Courrier du Dauphiné à Grenoble

Permettez à un des admirateurs les plus sincères de votre talent et de votre esprit de vous dire sa surprise et sa peine en trouvant aujourd'hui dans le journal que vous dirigez une lettre de M. de Saint-Chéron s'attaquant à Monsieur de Falloux. Je ne comprends pas, je l'avoue, qu’au moment même où on exhorte une armée à la concorde et à la discipline, on lui apprenne par l'exemple, à tirer sur les chefs les plus expérimentés et les plus vénérables. Quand l'exemple se trouve ainsi en contradiction avec le précepte, c'est l'influence du premier, qui reste prépondérant et fait école, veuillez l'assurer à Monsieur de Saint-Chéron. Que les éloges des Débats2 soient perfides ou sincères personne ne saurait y prendre garde depuis que ce journal s'est perdu dans les bas-fonds de l'irréligion et du radicalisme ; mais on se demande si c’est « perfidie » ou bonhomie qui représente la lettre de M. de Falloux comme dirigée « Contre les catholiques en communion avec le Saint-Siège et l'épiscopat. À un catholique qui se trouve dans cette communion – seul capable d’ailleurs de donner ce titre – ne saurait-il échapper une parole obscure demandant interprétation, un terme impropre donnant lieu à redressement ? Et qui pourrait être dans les questions politiques plus autorisé à exercer ce magistère que l’auteur de la funeste loi de 1850 ? Quand on a bien agi ne saurait-on prier les autres de parler clair ? Et Monsieur de Saint-Chéron prenant la défense du mot « Contre-révolution »3 croit-il fortifier les catholiques français, en niant à Monsieur de Falloux le droit de limiter sa signification ? Certes, j’entends bien mourir « en communion avec le Saint-Siège et l’épiscopat » mais je me refuse à croire que pour obtenir cette mort chère à mon cœur, je doive combattre la révolution dans tous ses résultats sociaux et politiques, y compris l’égalité civile l’accession de tous aux emplois militaires et administratifs, la répartition actuelle de l’impôt, etc.

Monsieur de Falloux a craint que l’on se méprit sur tous ces points, en les supposant visé par le cri de ralliement « Contre Révolution » il a rendu impossible un malentendu pour les âmes loyales. Depuis quand sa lumière dessert-elle la vérité et ses adeptes c’est-à-dire ceux qui sont et veulent rester en communion avec le Saint-Siège ?

Veuillez agréer, Monsieur, avec l’expression de mes regrets mes salutations les plus empressés.

Alphonse Fredet

1Commune de l’Isère.

2Journal des Débats.

3Après le discours prononcé par A. de Mun à Chartres, le 8 septembre 1878 dans lequel il proclamait que le terrain sur lequel les catholiques devaient se réunir était celui de la « Contre-révolution », Falloux avait écrit une brochure critiquant vivement ce discours.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Ier septembre 1878», correspondance-falloux [En ligne], 1878, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 21/11/2021