1879 |
5 mars 1879
Louis de Fourcaud à Alfred de Falloux
Paris, 5 mars 1879
Monsieur le comte,
L'éditeur Ludovic Baschet1 qui publie une série d'études biographiques et critiques sur les figures de marque de notre temps m'est venue prier d’écrire votre portrait pour la galerie des Quarante de l'Académie française. J'y ai consenti volontiers sous l'expresse réserve que vous m'en accorderiez l'autorisation et que vous voudriez bien me faciliter la tâche. Rien ne me serait à la fois plus honorable et plus agréable car s'il est un homme droit et fier, de noble caractère et d'âme véritablement haute, digne du respect de tout le monde, je puis dire en vérité que c'est vous.
Voici, avant tout, en quoi consistent les publications de Monsieur Baschet : un texte littéraire une grande photographie hors-texte représentant l'écrivain, l'homme d'État ou l'artiste dont il est question et un fac-similé de son écriture.
Si vous ne trouvez pas mauvais comme je l'espère qu'il soit donné suite au projet, j'aurai donc à vous demander une photographie de vous et un autographe de quelques lignes que l'on puisse reproduire.
En outre, je vous serais bien reconnaissant de m'indiquer parmi les récits très contradictoires que j'ai lus touchant les événements auxquels vous avez pris part, quels sont ceux où vos dits et vos intentions ne vous semblent déformés en aucun sens. Ma notice ne comportera pas grand développement, mais pour cela même je la veux rigoureusement exacte et c'est par désir entre tant d'écrits de mauvaise foi, de me garder de toute erreur.
Vous me rendrez encore un très grand service si voulez bien me renseigner sur les particularités de votre carrière. Par exemple n'est-ce pas avoue qu’est due l'admirable formule L’Église libre dans l'État libre (ecclesial libera ni patria libera)2 qui se trouve pour la première fois, à ma connaissance dans l'inscription de la Roche en Brenil3 ?
Il va de soi que je me ferai conscience de vous soumettre mon petit travail aussitôt qu'il sera achevé et avant de le livrer à l'imprimeur. En tout cas je vous prie d'excuser l'importunité de cette démarche et d'agréer, Monsieur le comte, l'hommage du profond respect de votre très humble serviteur.
B de Fourcaud
Rédacteur du Gaulois
43 Rue St Georges Paris
Louis Boussés de Fourcaud
1Baschet, Ludovic (1834-1909), peintre et éditeur.
2C’est en réalité à Ch. De Montalembert que l’on doit cette formule prononcée en 1863 au Congrès catholique de Malines en Belgique.
3Domaine de Charles de Montalembert, en Côte d’Or.
