CECI n'est pas EXECUTE 2 août 1842

Année 1842 |

2 août 1842

Théodore de Foudras à Alfred de Falloux

2 août 1842

Une absence prolongée, des affaires au retour, puis quelques ressentiments des souffrances que j'ai depuis deux ans, telles sont, Monsieur, les raisons qui m'ont empêché de répondre plus tôt à la meilleure et à la plus aimable des lettres. Merci mille fois pour tout ce qu'elle contient d’affectueux et permettez-moi de le dire d'amitié. Je suis tout heureux de penser que nos relations sont déjà de la sympathie car c'est l'espérance qu'elles deviendront un jour de l'amitié dans tous les temps depuis que je vous connais j'aurais été heureux de vous inspirer ce sentiment, maintenant j'en serais fier et je tiens à vous le dire. J'ai joui avec vous et plus que vous peut-être du succès de votre livre1 car les éloges qui me sont parvenus avaient un grand caractère de sincérité. Puisqu'on ne peut savoir encore tout l'intérêt que je prends à ce qui vous touche. Je puis vous dire qu'il y a unanimité et qu’il n’y a point aucun refroidissement. Votre livre restera comme une œuvre de talent et comme un acte de courage, alliance rare dans tous les temps et plus rare que jamais aujourd'hui que la lâcheté s'appelle de la prudence et le courage de la folie. Avec ces sentiments qui sont de la plus complète sincérité vous ne pouvez supposer que j'ai négligé le bonheur de la proclamer hautement, aussi votre article ou pour mieux dire mon article est fait depuis six semaines au moins. Mais j'ai suivi la marche de votre succès avec une sollicitude toute fraternelle ; j'ai vu que la presse s'occupait de vous sans interruption fâcheuse ; je sais par expérience que deux articles qui paraissent à peu de distance l'un de l'autre ne font que l'effet d'un seul ; j'ai pensé qu'il était peut-être bon de réserver quelques articles pour l'époque du retour à Paris qui est celle de la reprise de la vente et dans votre intérêt j'ai retenu mon article pour n'en pas faire une voix dans le désert. Si vous pensez que mon calcul soit mauvais, dites un mot et deux jours après vous serez dans L’Écho2. Avez-vous eu les Débats3. Je ne le crois pas et ils sont bien utiles cependant. Un article que j'y ai inséré sur le livre de Madame de Flavigny4 m'a ouvert cette porte et si je pouvais vous être <mot illisible>par là encore je le ferai. Parce exemple mon article pourrait y être mis et L’Echo ensuite le répéterait. Voyez que je pense à tous ceux qui peuvent vous servir est cependant je ne me multiplierai jamais au gré de mon dévouement pour vous. Que ceci vous guide dans l'expression de vos désirs. Je vous le demande en grâce.

Je suis encore à Paris et j'y resterai jusqu'à la fin de septembre au moins puis j’irai à Fontaine pour y passer quelques mois. Madame de Foudras désire ce petit voyage et en espère du bien pour la santé qui n'est pas encore bien bonne, et moi j'ai besoin de quelques mois de solitude pour terminer deux ouvrages que je voudrais publier dans le courant de l'hiver prochain ; ce n'est pas quand on reçoit des encouragements comme ceux que vous me donnez qu'on songe à s'arrêter.

Adieu, Monsieur, mettez-moi je vous prie au pied de Madame votre mère et offrez-lui les tendres compliments de Madame de Foudras. Je suis tout à vous, cette locution vulgaire est la seule qui peigne mes sentiments pour vous, c'est pour cela que je l'emploie.

Mis de Foudras5

1Histoire de Louis XVI, Paris, Delloye Éditeur, 1840.

2L’Echo des nouvelles, recueil de nouvelles, anecdotes et extraits de la presse française.

3Journal des Débats.

4Marie de Flavigny, comtesse d’Agoult (1805-1876).

5Foudras, Théodore (1800-1872), romancier. Auteur de plusieurs ouvrages, créateur du genre roman cynégétique, il fut un collaborateur régulier du Journal des Chasseurs et de l’Écho des Feuilletons.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «2 août 1842», correspondance-falloux [En ligne], Années 1837-1848, Monarchie de Juillet, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1842,mis à jour le : 21/11/2021