Année 1860 |
16 décembre 1860
Louise de Sainte-Aulaire à Alfred de Falloux
16 décembre [1860]
Vous avez reçu, cher cousin, des nouvelles directes de cette pauvre maison où la douleur chrétienne habite ; Albert [de Broglie] est profondément malheureux1, mais sans murmure et sans amertume ; il a perdu le bonheur le plus complet plus, le plus près du ciel ; il peut espérer que la moitié de lui-même y est entré, et que l’autre suivra avec des pas plus lents et plus lourds. Prions beaucoup pour lui. J’attendais pour vous répondre la visite de Monsieur de Bertou. Il est venu hier et m’a fait une peinture de la vie de Bourg d’Iré dont je n’avais pas besoin pour désirer d’y être admise. Je veux espérer que cette joie me sera permise dans l’année où nous allons entrer. Puisse-t-elle être plus favorable que celle ci, à la justice et à l’équité. Prions, mon cher cousin, c’est le refuge de toutes les souffrances ; c’est aussi le moyen de ne pas se mettre en colère. La prière transforme la violence de nos jugements les plus justement sévères, et un acte d’humilité sur nous mêmes. Je voudrais bien que vous eussiez entendu les admirables paroles du père Gratry hier, nous avons beaucoup parlé ensemble du Bourg d’Iré.
L’espoir de vous voir cet hiver, est déjà pour moi une vraie joie. Adieu, cher cousin et ami, veuillez me rappeler au bon souvenir de Madame Caradeuc et de Madame de Falloux.
Mon gendre me charge de vous offrir ses bien empressés compliments et ses respects.
Louise de Ste Aulaire2
Vous me pardonnerez bien d’avoir confondu le ménage, en répondant à la fois à l’un et à l’autre.
1Il venait de perdre son épouse Pauline, née Galard de Brassac (1825-1860).
2Louise Charlotte Victoire de Sainte-Aulaire, née Grimoard de Beauvoir du Roure (1791-1874), comtesse.
