Année 1867 |
25 septembre 1867
Auguste Nicolas à Alfred de Falloux
Arromanches, Calvados, 25 septembre 1867
Bien cher ami,
Ce n’est pas à vous, sans doute à m’adresser des félicitations sur ma promotion à la cour impériale. Mais vous me permettrez néanmoins de vous faire une bonne part dans toutes celles que je reçois comme à celui qui, originairement m’a frayé la situation qui me les attire. Les choses étaient dans l’état que je vous ai fait connaître quand j’ai quitté Paris ; je n’attendais rien, et je nourrissais l’intention du parti extrême que je vous avais confié, avec deux modifications d’expression que vous m’aviez conseillées, lorsque, à ma grande surprise, une lettre de Monsieur D.H. est venue m’apprendre, tout à coup que j’étais nommé. Comment s’est fait ce revirement subit des dispositions du Ministre à mon égard ; je n’ai à cet égard que des conjonctures. Tout paraît s’être passé entre lui et l’Impératrice qui, le jour même de la signature du décret, a envoyé le faire remercier de sa part. Il faut savoir gré de ce persistant intérêt, d’autant qu’il n’a pas été sollicité, et qu’il n’a eu d’autre mobile que mes Écrits. Je vous devais cette information sur ce petit évènement, qui a cependant toute l’importance que votre amitié attachait à l’état de choses qui la fait cesser et que les félicitations que nos amis m’adressent de toutes parts lui attribuent. Mais qu’est-ce que cela sur la vaste scène où s’agitent maintenant nos destinées.
Nous sommes tous en forme sur la jolie plage d’Arromanches, je corrige les épreuves de la 19ème édition de mes Études, je lis les journaux avec un avide intérêt, je pense à mes amis, je prie le moins mal que je peux pour eux, et je remercie Dieu de me les avoir donnés.
Croyez-moi le plus tendrement dévoué des vôtres.
A. Nicolas
