CECI n'est pas EXECUTE 17 juillet 1885

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17 juillet 1885

Albert de Broglie à Alfred de Falloux

 

 

17 juillet 1885

Cher ami,

Je trouve en arrivant de Londres votre lettre sur mon bureau qui m’y attendait, je crois, depuis deux jours. Me voici donc de retour et prêt à vous recevoir à bras ouverts le jour qui vous conviendra. Si vous craignez le bruit des enfants venez entre le premier et le 10 août : plus tard, mon fils Amédée1 et ma belle-fille amèneront tout leur petit monde. Mais vous n’en seriez pas moins le bienvenu, aussi choisissez le jour à votre convenance. J’ai vu à Londres notre vieil ami Monsell2 devenu plus vieux sans être moins ami, sous le nom de Lord Emly, qu’on lui a donné, je crois, pour couvrir la retraite à laquelle le condamne son âge et ses opinions devenues plus conservatrices que les Whigs actuels ne le comportent. Il doit venir très prochainement en France, et je lui ai promis de lui faire savoir le jour où vous seriez à Broglie3 pour qu’il essaye de vous rencontrer. J’espère que vous ne m’en voudrez pas. C’est un fidèle compagnon de nos anciennes luttes et j’ai aimé à me rappeler avec lui nos conférences dans le salon épiscopal d’Orléans. Pour le moment il est plus préoccupé du chagrin que lui cause la violence du clergé irlandais que d’aucune affaire religieuse d’un autre ordre. Le dernier choix de l’archevêque de Dublin le désole et l’empêche d’être aussi sensible que je le voudrais aux désagréments du Cardinal Pitra4. J’ai vu aussi le cardinal Channing dans une situation vraiment sans égale en Angleterre. Il est accepté par tout le monde avec sa dignité princière et épiscopale et les évêques anglicans ne sont que de petits garçons devant lui. C’est un grand exemple de la puissance de la liberté, pour relever la religion dans notre temps, et sous ce rapport le Correspondant peut en être fier. Mais la liberté elle-même, qui la relèvera ou plutôt qui la sauvera ?

Puisque c’est de Paris que vous viendrez, voici votre itinéraire. Vous avez deux trains de jours également commodes l’un à dix heures cinquante du matin et l’autre à une heure cinquante après-midi qui vous amènent à Broglie au pied du château l’un à 3 heures et l’autre à sept heures. Il faut changer de voiture à Rennes, et prendre la petite ligne d’Echauffour6. C’est celle-ci qui passe à Broglie et qui est le fruit ( d’ailleurs assez peu productifs même au point de vue électoral) de mes <mot illisibles> ministérielles. Vous trouverez ces indications dans l’itinéraire ligne de Paris à Cherbourg.

Adieu donc cher ami, et à bientôt. J’aurais un bien vif plaisir à vous voir ici, et je vous sais bon gré de me le permettre.

Albert [de Broglie]

 

1Broglie, Henri-Amédée de (1849-1917), troisième fils d'A. de Broglie.

2William Monsell (1812-1894), député catholique irlandais, créé baron Emly en 1874. Converti au catholicisme en 1850, il avait collaboré au Corespondant.

3Propriété de la famille, en Eure.

 4Pitra, Jean-Baptiste (1812-1889), bénédictin, historien de l’Église et patrologue. Sacré évêque de Frascati le 1er juin 1879, il avait été transféré au siège de Porto et Sainte-Rufine en mars 1884 en tant que sous-doyen au Sacré Collège

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6Commune de l’Orne, en Basse Normandie.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «17 juillet 1885», correspondance-falloux [En ligne], 1885, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 13/12/2021