Paris, 27 janvier 1848
Hier, j'ai eu un succès qui n'a rien de brillant mais est assez important pour moi dans l'intérieur de la Chambre, c'est d'avoir été nommé à l'une des commissions importantes de la session, la loi de médecine; cela met M. de Salvandy1 fort en coquetterie avec moi et habitue la chambre à me faire une part à chaque session dans ses travaux principaux. Du reste, je persiste à me tenir coi dans la discussion de l'adresse qui se prolongera trois semaines au moins et à me réserver pour l'enseignement qui vient après. On nous dit tous les jours que M. Guizot2 peut être renversé pour céder la place à MM. Molé3 et Dufaure4. Je ne le crois pas et en tout cas tant que Louis-Philippe vivra le système ne changera pas. J'ai reçu hier une lettre de Frédéric5 peu aimable pour moi, mais très favorable, ce qui est plus important, à notre sécurité pour Pie IX. Il affirme que les nouvelles des journaux sont tout à fait exagérés et que le peuple romain demeure passionnément dévoué à son pape. Quant à Naples6. ...Voilà la politique, je crains qu'elle ne soit bien optimiste cependant cela fait plaisir à penser...
Marie7 et Loyde8 vont maintenant très bien. Pour moi, je n'ai pas même un rhume, et bénis Néris sous tous les rapports.
Notes
Narcisse-Achille, comte de Salvandy (1795-1856), publiciste et homme politique. Maître des requêtes sous la Restauration, il se rallia à la Monarchie de Juillet. Membre de l'Académie Française (1835), ministre de l'Instruction publique dans le cabinet Molé, de 1837 à 1839, puis de 1845 à 1848.
François Pierre Guillaume Guizot (1787-1874), historien et homme d'État. Guizot était alors chef du gouvernement.
Louis-Mathieu, comte Molé (1781-1855), pair de France, ministre de la Justice sous le Ier Empire, ministre de la Marine sous la Restauration, il avait, sous la monarchie de juillet dirigé à deux reprises le gouvernement, du 6 septembre 1836 au 14 avril 1837, puis du 15 avril 1837 au 8 mars 1839.
Jules-Armand-Stanislas Dufaure (1798-1881), avocat, membre du parti libéral, il était député de la Charente (collège de Saintes) depuis 1834.
Frédéric-Louis de Falloux (1807-1884). Frère aîné d'A. de Falloux, il s'était destiné à la prêtrise. En 1837, il avait été ordonné prêtre où il s'était définitivement établi.
Falloux fait ici allusion à l'agitation révolutionnaire qui avait contraint, le roi de Naples à octroyer quelques jours plus tôt (le 15 janvier 1848) une constitution à ses sujets.
Marie Charlotte Rosalie de Falloux, née de Caradeuc à Rennes le 22 novembre 1821, fille de Raoul-Marie-Victor de Caradeuc, marquis de la Chalotais (lui-même fils du célèbre procureur général au Parlement de Rennes exécuté le 10 juillet 1794) né le 5 décembre 1788 à Rennes, capitaine de dragons en 1826 et de Émilie-Marie-Charlotte de Martel. Marie, future de Falloux avait eu un seul frère, né en 1824 et qui était mort à l'âge de 10 ans. Le mariage entre Marie de Caradeuc et Alfred de Falloux avait eu lieu en mai 1841.
Loyde de Falloux (1842-1881), fille unique des Falloux. Atteinte de nanisme, elle était de santé fragile.
Notice bibliographique
Pour citer ce document
, «27 janvier 1848», correspondance-falloux [En ligne], Années 1837-1848, Année 1848, Monarchie de Juillet, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 23/04/2011