CECI n'est pas EXECUTE 24 janvier 1878

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24 janvier 1878

Arthur de Cumont à Alfred de Falloux

Angers, 24 janvier 1878

Cher ami,

La demande est arrivée ce matin et tout est décidé, voire même le jour du mariage qui sera le 2 ou le 4 mars. Autant que j’en peux juger, M. de Gaigneron1 a d’excellentes qualités, beaucoup de raison, beaucoup de bon sens, de la sensibilité, une grande délicatesse, en un mot ce qu’il faut pour assurer le bonheur de Jeanne2 et le mien qui dépend du sien. Sous le rapport de la fortune les deux situations seront, dans l’avenir, à peu de choses près les mêmes. Jeanne aura un jour quinze cent mille francs. Monsieur de Guigneron un peu au-delà de ce chiffre.

Mais ce qui constitue, à cette heure pour Jeanne est le côté brillant et avantageux de son mariage, c’est que Monsieur de Guigneron vient d’hériter de son père, et jouit aujourd’hui de quarante deux mille livres de rente. Il a 35 ans, Jeanne 22. Rien de disproportionné par conséquent. Il est d’ailleurs très épris de sa future ce qui me paraît une excellente préface au livre de leur vie commune. Comme il n’a point de terre bâtie, qu’il aime la campagne et que nous assurons l’Epinay3 à Jeanne par contrat de mariage, j’espère n’être point trop séparée de ma fille, l’unique joie d’une vieillesse attristée.

J’attendais toujours pour vous écrire la solution de cette grave affaire. Mais il y a eu comme souvent en pareil cas des lenteurs, des retards, d’interminables échanges de correspondance, et je suis en outre si souffrant, si accablé, si diminué, si éteint depuis trois semaines que je n’ai force ni courage pour quoi que ce soit. Veuillez, cher ami, faire part à ces dames d’une nouvelle qu’elles accueilleront, je le sais, avec tout le tendre intérêt qu’elles portent à Jeanne. Je vous demande aussi de dire à Monsieur et Madame Lemanceau4 que je vous ai prié de leur apprendre le mariage de ma fille.

N’irez-vous pas à Paris vers cette époque du 2 mars ? Je n’ose insister seulement vous savez quel vide votre absence ferait pour moi.

Tout à vous du fond du cœur.

A. C.

1Maxime de Gaigneron-Morin (1842-1908)

2Jeanne de Cumont (1855-1880).

3Château de l’Epinay, domaine d’Arthur de Cumont, à Saint-Georges sur Loire (Maine-et-Loire).

4Jean-Baptiste Lemanceau est le régisseur du domaine des Falloux.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «24 janvier 1878», correspondance-falloux [En ligne], 1878, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 24/07/2022