CECI n'est pas EXECUTE 5 juin 1865

Année 1865 |

5 juin 1865

Alfred de Falloux à Charles de Montalembert

5 juin 1865

Je vous ai fait avertir hier matin que j’entrais dans une crise très aiguë. Elle s’est prolongée toute la journée et fort avant dans la nuit. Aujourd’hui, je n’en suis encore qu’à moitié délivrée ; mais je me fais cependant transporter au Marais1 à tout prix, d’abord parce que ma fille y est très impatiemment attendue, ensuite y prendre moi-même l’air avec un peu plus de liberté. Si vous pouvez y faire une course (chemin de fer d’Argenteuil–gare de Versailles (rive droite) ou en voiture par Courbevoie et Bezon). Si vous ne le pouvez, ce qui malheureusement est le plus vraisemblable, je viendrai aussitôt après le mariage et je me mettrai pour un jour entièrement à votre disposition.

Ma lettre était chez Monsieur de La Valette2 avant-hier et je lui donnais votre adresse afin qu’il vous répondit directement.

Je ne vous exprime pas tous mes regrets, et, quoique habitué à en vivre, ceux qui s’adressent à vous me sont toujours bien sensibles.

Falloux

P.S. Si vous avez un mot à m’écrire, mon adresse est Château du Marais, près Argenteuil (Seine et Oise).

1Château appartenant alors au marquis Ferdinand de La Ferté-Meung et à son épouse Clotilde, fille du comte Molé.

2La Valette, Charles marquis de (1806-1881), diplomate et homme politique français. Diplomate à partir de 1835, il fut élu député en 1846 et siégea avec les conservateurs. Révoqué en 1848, il est nommé ambassadeur à Constantinople par le Prince président en 1851. Remplacé en décembre 1852, il devint sénateur l’année suivante. Anticlérical et libre penseur, ami du prince Napoléon, de Rouher et de Thouvenel, il fut nommé par ce dernier de nouveau ambassadeur à Constantinople en février 1860. Il y joua un rôle central lors des événements de Syrie et dans la négociation du nouveau statut du Liban. En août 1861, il fut nommé ambassadeur près le Saint-Siège ce qui fut considéré comme un geste envers Turin, La Valette étant connu pour son « italianissime ». Chargé de faire admettre un retrait des troupes françaises, sa mission fut un échec en raison de l’intransigeance de Pie IX. En octobre 1862, il démissionna de son poste avec ses amis du « parti » pro italien (Benedetti, Flahaut) par solidarité avec Thouvenel disgracié et contraint de quitter le Quai d’Orsay. Membre du Conseil privé, dévoué à Rouher, La Valette devint ministre de l’Intérieur en 1865. C’est à ce titre qu’il participa au Conseil du 5 juillet 1866 au lendemain de Sadowa, au cours duquel il fit échouer avec Rouher le projet de « médiation armée » défendu par leur rival Drouyn de Lhuys. Il signa alors qu’il assurait l’intérim des Affaires étrangères la fameuse « circulaire du 16 septembre 1866 », document diplomatique inspiré par l’empereur qui entait l’unité allemande comme conforme aux intérêts de la France et de l’Europe. Devenu ministre des Affaires étrangères le 17 décembre 1868, il entama des négociations secrètes avec l’Autriche pour faire barrage à la Prusse. Désapprouvant les nouvelles réformes libérales, il quitta son ministère le 17 juillet 1869 et devint ambassadeur à Londres, poste qu’il occupa jusqu’à la chute de Napoléon III.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «5 juin 1865», correspondance-falloux [En ligne], Année 1865, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Année 1852-1870, Second Empire,mis à jour le : 07/01/2022