1876 |
19 juin 1876
Annette Apponyi à Alfred de Falloux
Venise, 19 juin 1876
Mon bien cher ami, je tiens à vous dire que votre chère lettre m’a fait venir de bien douces larmes. Rien ne peut faire plus de bien que vos bonnes paroles, je vois à quel point vous aimiez mon excellent et incomparable mari. Au reste il vous le rendait bien je puis vous en assurer. Alexandre1 m’a dit vous avoir répondu de suite à cette bonne première lettre et il vous a donné tous les détails de notre dernière journée passée auprès de mon cher ange. Cette mort, si admirable, si calme, doit rendre meilleurs tous ceux qui ont eu la consolation d’y assister. Aussi je m’occupe de demander au bon Dieu de m’accorder la grâce de devenir assez bonne pour pouvoir le rejoindre un jour au ciel où ce cher Rodolphe [Apponyi] doit avoir une si bonne place. Vous dire la tendresse de mes chers enfants pour moi est impossible ce sont des cœurs <deux mots illisibles>. Leur bonté me fait un bien extrême. Je n’ai pas eu le courage de quitter encore Venise j’ai eu la consolation de pouvoir prier auprès de ce cher bien-aimé pendant <trois mots illisibles> il était dans une idéale chapelle attenant à l’église. St Zacharie près de l’autel où nous entendions la messe tous les jours et où nous nous avons reçu tous la Ste communion. Sa sœur et son mari étaient accourus de suite. Maintenant ce cher cercueil est déposé au cimetière, et en octobre on viendra le reprendre pour le conduire à Apponyi où se trouve le caveau de famille. Nous partons dans quelques jours pour la Hongrie chez nous dans ce triste château où j’espérais pouvoir passer encore de longues années avec cet ami si bon et si indulgent pour moi. Adieu mon cher ami et merci encore. J’espère bien avoir la joie de vous revoir un jour.
Annette Apponyi
1Alexander Apponyi von Nagy-Appony (1844-1925).
