CECI n'est pas EXECUTE 10 mars 1846

Année 1846 |

10 mars 1846

Prosper Guéranger à Alfred de Falloux

Abbaye de Solesmes1, ce 10 mars 1846

Monsieur

Je suis en retard avec vous de temps de manière que je ne veux pas aggraver mes torts, en tardant plus longtemps, à vous remercier de votre dernier bienfait. J’ai lu par Monsieur de Montalembert la grâce avec laquelle vous vous y êtes pris pour faire participer les bénédictins à la bonne œuvre que vous avez faite de publier à part la lettre de Joseph de Maistre2 que nous avons lu, avec tant de plaisir dans l’Univers. Recevez donc tous mes remerciements. Vos sympathies me sont particulièrement chères, au milieu des tribulations dont il a plu à Dieu de m’affliger. J’oserais vous dire que j’y comptais ; vous avez si bien su m’y accoutumer.

Depuis que je n’ai eu l’avantage de vous voir, il s’est passé bien des choses. L’épisode de Monsieur l’abbé Bernier est déjà bien loin. Espérons que Dieu nous sauvera de tout, et qu’un jour, nous nous reposerons en lui.

Vous voulez bien aimer les bénédictins, et leur pauvre abbé ; priez pour eux quelquefois, Monsieur, et croyez que personne n’est avec un plus affectueux dévouement que je ne le suis.

Votre très humble et reconnaissant serviteur.

fr. Prosper Guéranger, abbé de Solesmes

1Située sur la commune de Solesmes, dans la Sarthe, l'abbaye de Solesmes doit sa renommée internationale à Dom Prosper Guéranger, restaurateur en 1833 de l'Ordre des Bénédictins en France ainsi qu'à la liturgie et au chant grégorien dont elle fut et demeure un des hauts lieux.

2Joseph de Maistre (1753-1821), philosophe. Savoyard, il était sujet du roi de Piémont-Sardaigne. Magistrat au Sénat de Savoie comme son père, il quitta la Savoie à l'arrivée des troupes françaises en septembre 1792 et se réfugia en Piémont puis en Suisse. Il publia, en 1797, son premier ouvrage Les considérations sur la France. Rentré en Italie en 1799, il fut chargé par le roi de Sardaigne de le représenter auprès du tsar. Il resta en poste à Saint-Pétersbourg jusqu'en 1817. Revenu en Italie, il mourut à Turin. Auteur de plusieurs ouvrages, Essai sur le principe générateur des constitutions politiques (1814), Du Pape (1819) et Les Soirées de Saint-Pétersbourg (ouvrage publié en 1821 peu après sa mort), De Maistre, comme De Bonald refusa tout compromis avec les principes nouveaux issus de la révolution. Joseph de Maistre et Mme Swetchine, sur laquelle Falloux écrivit une biographie, avaient lié connaissance en Russie.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «10 mars 1846», correspondance-falloux [En ligne], Monarchie de Juillet, Années 1837-1848, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1846,mis à jour le : 31/05/2022