CECI n'est pas EXECUTE 16 février 1849

Année 1849 |

16 février 1849

Mgr Giraud à Alfred de Falloux

Gaëte1, 16 février 1849 (confidentielle)

Monsieur le ministre,

J’ai reçu hier la lettre si désirée de votre excellence. J’ai cru devoir la placer sous les yeux de Sa Sainteté dans la persuasion qu’elle lui apporterait une douce consolation au milieu de ces épreuves. Cet espoir n’a pas été trompé. Sa Sainteté2 a dénié me remercier de cette communication dans des termes pleins de sensibilité pour le zèle que met votre excellence à soutenir la sainte cause qui est celle de toute l’Église. Sous trois jours, le cardinal secrétaire d’État doit communiquer aux membres du corps diplomatique l’acte dont il était question dans ma dernière dépêche, par lequel le Saint-Père fait appel à l’intervention des quatre puissances catholiques, la France, l’Autriche, l’Espagne et Naples.

Il est à remarquer qu’en s’adressant en particulier à ces quatre puissances, le Saint-Père n’a pas entendu donner l’exclusion aux autres, mais simplement amener un accord plus facile et plus prompt.

Les autres cabinets sont même expressément invités à prêter leur appui moral à la mesure et cette expression d’appui moral, dans la pensée du Saint-Père, n’exclut pas une certaine coopération, telle que serait celle de la présence d’un ou deux navires dans les eaux de Civita-Vecchia ou d’Ancone, ou encore de quelque officiers généraux dans les armées alliées. Sa Sainteté, verrait même dans ce concours plus ou moins influent de toutes les puissances une sanction de plus donnée à la reconnaissance de ses droits.

La difficulté, quant au Piémont, serait ainsi levée, puisque le roi de Sardaigne pourrait se faire représenter par une force quelconque.

Mais l’appel à une coopération directe n’est fait qu’à quatre puissances, parce qu’il évite des lenteurs et parce qu’il s’adresse à des nations voisines et présumées devoir offrir un concours plus loyal.

Dans cet état de choses, aggravé par la proclamation de la république à Rome, il n’est pas possible au Saint-Père, Monsieur le ministre, de songer à réaliser pour le moment son projet de visiter la France. Je dois donc renoncer à l’espoir de l’accompagner dans ce pèlerinage apostolique. Comme d’un autre côté mon diocèse peut souffrir, surtout à cette époque de l’année, de la prolongation de mon absence, je prie votre excellence de me dire, s’il n’est pas temps de mettre un terme à son séjour qui peut entraîner de nouveaux frais pour le trésor, ce qui ne paraît plus avoir d’utilité réelle, depuis les derniers actes du Saint-Père, acte définitif, puisque les Puissances sont disposées à y donner leur acquiescement.

Veuillez agréer, Monsieur le ministre, les sentiments de respectueuse considération et de sincère dévouement avec lesquels je suis de votre excellence, le très humble et très obéissant serviteur.

 

Card. Pierre Giraud

Que votre excellence veuille bien permettre que je place sous son pli la lettre ci-jointe.

1Suite à l’occupation de Rome, Pie IX s’était réfugié à Gaëte, ville du Latium au nord-ouest de Naples.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «16 février 1849», correspondance-falloux [En ligne], Années 1848-1851, Seconde République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1849,mis à jour le : 30/06/2022