Année 1849 |
15 août 1849
Silvio Pellico à Alfred de Falloux
Turin, 15 août 1849
Monsieur,
Monsieur l’abbé Lacroix1 que j’apprends avoir le bonheur d’être de vos amis, serait le meilleur interprète des sentiments de haute estime que vous m’avez inspirés, Monsieur ; mais je ne puis lui laisser tout le plaisir de vous dire combien il y a chez nous de cœurs catholiques qui applaudissent à votre parole puissante, si bien consacrée dans ces moments importants à la défense des souverains pontifes. Pardonnez-moi si je vous adresse un hommage inutile ; agréez-le comme une simple félicitation de ce que Dieu vous a mis dans la position de servir la cause de l’Église,la cause de la vérité. Les choses que vous dites si bien, ont surtout besoin d’être dites en France, dans votre assemblée, par la place que vous occupez, car une des gloires de la France est de pouvoir souvent reprendre une action salutaire sur les opinions. Ce qui se prononce de vrai, de bon à vos tribunes retentit au loin et ne retombe nulle part inaperçue. La foi nous assure qu’il n’y a jamais de naufrages à craindre pour l’Église, mais elle souffre : heureux les enfants qui honorent leur mère, la consolent, qui voudraient adoucir ses souffrances ! Ce zèle me paraît se réveiller dans toute la catholicité, les persécutions ont porté quelques bon fruits ; les âmes généreuses sympathisent pour notre croyance si calomniée. Mais quand même nous serions arrivés à de nouveaux siècles de paganisme, la plus belle cause sera toujours celle de Jésus-Christ et de son Église, le plus beau triomphe sera d’avoir été constant par la foi et la charité.
Je vous souhaite, de tout mon cœur, les bénédictions les plus signalées, et j’ai l’honneur d’être Monsieur votre très humble et très obéissant serviteur.
Silvio Pollico2
1Pierre Lacroix (1791-1869), prêtre. Il était clerc national de France à Rome depuis 1828. Il fut protonotaire apostolique et chanoine d'honneur de l'église de Nancy.
2Silvio Pellico (1789-1854), écrivain et poète italien.
