CECI n'est pas EXECUTE 7 mars 1859

Année 1859 |

7 mars 1859

Alexandre Jacquemet à Marie de Falloux

Nantes, le 7 mars 1859

Madame,

Vous m’avez fait l’honneur de m’écrire pour me demander s’il ne serait pas possible de faire admettre dans quelque hospice de Nantes un pauvre homme auquel vous avez la bonté de vous intéresser. Il y a, depuis quelques semaines, un nombre considérable de malades dans les hospices et asiles de Nantes. Mais j’ai pu obtenir ces jours-ci pour votre protégé une place chez les petites sœurs des pauvres, qui ont bien voulu faire passer ma demande avant 50 ou 60 autres demandes qui attendent leur rang. Il peut venir aussitôt qu’il le voudra. Il sera entouré de bons soins et de charitables attentions dans cet asile qui a été construit tout récemment dans de vastes proportions, grâce à la munificence de M. Urvoy de St Bédan1. Je suis heureux, Madame, d’avoir pu ainsi m’associer au bien que vous désirez faire à ce pauvre homme.

J’ai appris, avec peine que la santé de Monsieur le comte de Falloux n’était pas encore complètement rétablie. Le seigneur exaucera, je l’espère, les vœux lui sont adressées en faveur de cette santé si précieuse et si chère. J’ose dire que nul plus que moi ne désire son entière guérison. En dehors de l’affection si profonde que j’éprouve pour Monsieur de Falloux, je sens, comme évêque, qu’un devoir de reconnaissance nous oblige à prier beaucoup pour lui. Dans ma conviction, nul ministre en France depuis le commencement de ce siècle, n’a rendu d’égals services à la cause sacrée de la religion. L’ingratitude, dont il est l’objet de la part d’un grand nombre, me presse davantage de l’aimer et de lui être reconnaissant.

Je regrette toujours le sacrifice qui m’a été imposé lors de la bénédiction du collège de Combrée2. Je saisirai, avec empressement l’occasion d’aller vous présenter, Madame, mes hommages plus respectueux et d’aller goûter les charmes d’une hospitalité à laquelle j’attache un grand prix.

Veuillez agréer, Madame, pour vous et pour Monsieur le comte de Falloux l’hommage de mes sentiments les plus respectueux.

Alexandre3, évêque de Nantes

Oserai je vous prier, Madame, de faire connaître le résultat de mes démarches à Monsieur le curé de Bourg d’Iré

 

 

1Urvoy de Saint-Bedan, Jacques-Olivier-Marie (1780-1858), homme politique. Député légitimiste de Loire-Atlantique de 1827 à 1831, puis conseiller municipal de la ville de Nantes.

2Situé non loin du Bourg d'Iré, la commune de Combrée abritait un collège catholique auquel Falloux, alors ministre de l'Instruction publique et des Cultes avait accordé, le 2 janvier 1849, le privilège de plein exercice. Falloux aimait à s'y rendre en compagnie de ses hôtes, pour y prononcer, à l'occasion, des discours au contenu le plus souvent politique.

3Jacquemet, Antoine-Mathieu-Alexandre (1803-1869), évêque de Nantes depuis 1849, il sera nommé assistant au trône pontifical le 28 janvier 1862. Gallican, il était de tempérament modéré. Il avait accepté de patronner, aux cotés de Mgr Dupanloup et de Mgr Guibert (évêque de Tours), L’Ami de la Religion.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «7 mars 1859», correspondance-falloux [En ligne], Année 1859, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Année 1852-1870, Second Empire,mis à jour le : 23/07/2022