CECI n'est pas EXECUTE 29 octobre 1864

Année 1864 |

29 octobre 1864

Louis de Carné à Alfred de Falloux

Au Pérennou1, ce 29 octobre 1864

Admirable, mon cher ami, admirable ! Vous n’avez jamais ni mieux pensé ni mieux écrit. Voilà un grand service rendu avec une opportunité merveilleuse, car la dépêche <mot illisible> est venu vous donner le diapason. Qu’en dira Célimène? Quant à la pauvre à la pauvre D. de Ch2. bien plus compromise encore par la dépêche du 23 que par la convention du 15, est un éclatant exemple de la perversion <mot illisible> que les mauvaises institution exercent même sur les hommes les plus naturellement appelés à y résister. Quel argument en faveur de la responsabilité ministérielle !

Mon été s’est passé dans un labeur sérieux et aujourd’hui à peu près terminé. Je vous donnerai fin de janvier la France et le second Empire3. Je prends le taureau par les cornes. Je suis assuré d’être inattaquable, je veux dire administrativement. Pourtant, je le crois. je juge ce régime du ton dont je jugerais celui de François Ier.

Je serai à Paris le 15 octobre pour commencer l’impression de mon volume pour laquelle je n’ai pas encore pris de dispositions. J’entends peu parler de l’académie. Nous verrons plus tard. Montalembert rêve de Prévost-Paradol et du père Gratry, trouvant Lavergne4 un peu terne et Autran5 plus terne encore. Je ne dis pas le contraire ; mais pourquoi l’avoir inventé ? Monsieur Guizot me boude parait-il car il ne m’écrit point. J’ignore pourquoi et j’en suis trop occupé pour être susceptible. Voici six mois que je marche sur des charbons ardents, cela fait <deux mots illisibles> toutes les petites blessures.

Adieu, mon cher ami, je vous interdis absolument de me répondre à condition que vous veniez cet hiver me voir à Paris. Mes félicitations affectueuses à Paradol.

L. de Carné

1Château du Pérennou, à Plomelin (Finistère), demeure de Louis de Carné.

2Duchesse de Chevreuse, Julie Valentine de Contades, duchesse de Chevreuse (1824-1900), veuve d'Honoré d'Allbert de Luynes, duc de Chevreuse (1823-1854)

3Le titre sera en définitive L’Europe et le Second Empire, Paris, Douniol, 1865.

4Lavergne, Louis Gabriel Léonce Ghuilaud de (1809-1880), économiste et homme de lettres français. Chef de cabinet de Charles Rémusat lorsque celui-ci fut ministre de l’Intérieur, puis maître des requêtes. Élu député en 1846, il rentra dans la vie privée après la Révolution de 1848 se consacrant à ses travaux d’économiste. Il donna de nombreux articles d’économie politique à la Revue des Deux Mondes. Il publia Essai sur l’économie rurale de l’Angleterre, de l’Écosse et de l’Irlande (1854) et fut élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1855. Candidat malheureux aux élections de 1863, il sera élu (Creuse) à l’Assemblée nationale le 8 février 1871. Orléaniste, il se rallia, après le 16 mai 1874, à l’idée d’une République conservatrice. En 1875, il fonda le groupe parlementaire du Centre constitutionnel (centre gauche). Le 13 décembre 1875, il fut élu sénateur inamovible.

5Autran, Joseph (1813-1877), poète français. Plusieurs fois candidat à l’Académie française, il était soutenu par les catholiques, son ami V. de Laprade, Thiers et Mignet mais combattu par Guizot et les libéraux, le Journal des Débats et la Revue des Deux-Mondes. Contraint de se retirer devant Octave Feuillet en 1862, il ne sera élu que le 7 mai 1868, en même temps que Claude Bernard.


 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «29 octobre 1864», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1864,mis à jour le : 02/08/2022