Année 1864 |
19 octobre 1864
Jules Janin à Alfred de Falloux
Passy (Paris) 19 octobre 1864
Bourg d’Iré, soyez béni.
Bourg d’Iré dont les bœufs même sont pleins de gloire, et dont les génisses portent une couronne ! Maison rustique où le patois se mêle au plus beau langage, ô sillon lumineux, ô échos de tant de grandes choses, me voilà bien content que la voix d’un ami vous ait raconté mon humble élégie ! Heureux injuste que je suis. Que de fois, je me suis regretté moi-même, en songeant que je mourrais sans récompense ! Et chaque jour la récompense arrive, inattendue, inespérée. Aujourd’hui de Claremont1 par la voix de la Reine, une sainte, et le lendemain du Bourg d’Iré, attentif au moindre effort et volontiers reconnaissant de toute fidélité.
C’est ainsi que grâce à vous le poète que j’honore et que j’aime entre tous, ma peine ira diminuant chaque jour, jusqu’à l’heure où rentré tout à fait dans ma dignité et dans mon bon sens, je n’aurais plus d’autre souci que de vous plaire uniquement pour l’honneur et le bonheur d’être approuvé, et pas demander davantage.
Agréez, l’un et l’autre, amis de la dernière heure, les meilleures et les plus sincères références de votre obéissant et tout dévoué.
Jules Janin
1Domaine du Surrey, où la reine Marie-Amélie, veuve de Louis-Philippe vivait en exil.
