Année 1864 |
24 septembre 1864
Alphonse Gratry à Marie de Falloux
Paris, ce 24 octobre 1864
Madame la comtesse,
Laissez-moi d’abord vous remercier de votre si bonne et gracieuse lettre, qui me cause une vraie joie, et qui prévient celle que j’allais vous écrire.
Quant à l’affaire, je ne pense pas pouvoir user cette fois de la même protection. Mais j’aperçois d’autres chemins que j’essaierai.
Voici pourquoi, Madame la comtesse, j’allais, aujourd’hui même, vous écrire. C’est qu’hier j’ai lu en placard l’article de Monsieur de Falloux sur la convention du 15 septembre1, et que je ne puis pas m’en taire. C’est d’une puissance écrasante. Ce style clair, ferme, sobre, rapide : ce calme terrible;cette richesse de détails, cette abondance de fait ; cette autorité, ce courage dans l’objurgation des coupables, tout cela fait de ce court écrit l’un des plus vigoureux qui aient paru depuis longtemps. J’en remercie pour ma part Monsieur de Falloux, et je veux espérer qu’il est impossible d’écrire et de penser ainsi lorsque la tête souffre autant qu’elle souffrait l’année dernière. N’y aurait-il donc pas un mieux sensible ?
Recevez, Madame la comtesse, pour vous et tous les vôtres, l’assurance de mon profond et respectueux dévouement. Je prie notre seigneur de vous bénir.
A. Gratry
1Falloux, Convention du 15 septembre, Le Correspondant, 25 octobre 1864.