Année 1865 |
28 juin 1865
Hilaire de Lacombre à Alfred de Falloux
Dieppe 28 juin (1865)
Cher Monsieur (M. de L. espère que les combinaisons pour les affaires Berryer (probablement) aboutiront)
« Je n’ai pas vu hélas ! M. Berryer dans mon rapide passage à Paris. Au moment où je me présentais à sa porte il était en route pour Angerville1. Il avait, la veille, plaidé avec une énergie étonnante et un succès complet une grosse affaire de testament. Cette épreuve de sa force l’avait tout remonté. Vous aviez vu depuis qu’il a dit qq mots au Corps législatif. On m’a assuré de la manière la plus positive qu’il avait été conjuré de donner sa démission de député. Vous devinez de quel coté sont venues ces instances. J’espère qu’elles seront vaines : une démission semblerait aujourd’hui un démenti donné à soi-même et une déchéance acceptée. »
« Je rougirais donc de garder une rancune interminable contre le Correspondant. J’ai été, il est vrai, un peu blessé et plus encore attristé que blessé par qq procédés de M. de Montalembert. Cela a simplement modifié mes rapports avec l’homme privé. J’ai même eu encore avec lui, il y a quatre ou cinq semaines, une petite histoire que vous savez peut-être et qu’en tout cas je pourrais vous raconter qq jour. Elle est finie, généreusement de son côté... »
« Les affaires de Rome me paraissent en mauvaise voie. Quelle douleur si Pie IX descendait d’un degré des hauteurs morales où après tout, il s’était placé ! Le réveil libéral de la France, dont l’élection de Clermont2 est un nouveau et éclatant témoignage est notre consolation et notre espoir. Avez-vous lu le Guépier italien3 de M. Veuillot. Il a l‘air d’accepter l’unité de l’Italie... »
H. de Lacombe
1Situé dans le Loiret, le château d'Angerville était la demeure de Berryer.
2Élu candidat indépendant démocratique lors de l’élection partielle du 25 juin 1865, contre le candidat du pouvoir M. Meinadier, François Girot-Pouzol (1832-1898), ira rejoindre les rangs de l’opposition.
3Louis Veuillot venait de publier une brochure intitulée, Le Guépier Italien. Réponse à M. de Persigny, Paris, Didon.
