CECI n'est pas EXECUTE 17 août 1865

Année 1865 |

17 août 1865

Charles de La Valette à Alfred de Falloux

Paris, Ministère de l’Intérieur, 17 août 1865

Mon cher ami,

Si je ne vous ai pas donné plus promptement des nouvelles de l’affaire pour laquelle vous témoignez un si réel intérêt, je n’ai pas négligé, croyez-le bien, de m’en occuper et je voudrais que le résultat répondit à mes efforts. Mais il n’en est rien malheureusement.

Lors de la première démarche que j’ai fait faire au ministère de la justice à la suite de votre lettre du 1er juillet, il m’a été répondu qu’en présence de la décision si récente, et déjà connue de vous, qui avait rejeté la demande directe du prisonnier de Mazas1, li n’était guère possible de reprendre à nouveau l’affaire avant le 15 août. Je viens donc de renouveler ma tentative il y a quelques jours seulement, et j’apprends qu’après avoir, par égard pour les recommandations dont il était saisi, examiné avec une attention toute particulière le dossier de Monsieur de Soucy, Monsieur le Garde des Sceaux2 n’a pas cru pouvoir revenir sur sa détermination primitive. D’après les informations que m’a transmises mon collègue, le condamné avait encore aggravé sa situation par des récriminations outrageantes contre la magistrature, et l’attitude qu’il a prise s’opposait absolument à des mesures de clémence.

Je suis au regret, mon cher ami, de n’avoir pas mieux réussi. Le sentiment d’intérêt bien naturel que m’inspire une famille si malheureuse dans un de ses membres me faisait souhaiter le succès aussi vivement qu’à vous-même.

Mille compliments affectueux.

Lavalette3

Monsieur Baroche4 m’annonce ce matin sa visite. Je ferai une nouvelle tentative, mais il faut que les notes soient bien mauvaises pour que mes instances aient été rejetées.

Tout à vous de cœur

1Maison d’arrêt cellulaire construite en 1850, située près de la gare de Lyon, détruite en 1898.

2Delangle, Claude Alphonse (1797-1869), avocat, magistrat et homme politique. Député de la Nièvre de 1846 à1848, rallié à Louis-Napoléon, il entra par la suite au Sénat où il siégera jusqu’à sa mort. Ministre de l’Intérieur du 14 juin 1858 au 5 mai 1859, il sera nommé garde des Sceaux du 5 mai 1859 au 23 juin 1863.

3La Valette, Charles Jean Marie Félix, marquis de, (1806-1881), diplomate et homme politique. Diplomate sous la Monarchie de Juillet, député de la Dordogne de 1846-1848 (majorité conservatrice), il sera nommé ministre de l’Intérieur du 28 mars 1865 au 13 novembre 1867 puis ministre des Affaires étrangères du 17 décembre 1868 au 17 juillet 1869.

4Pierre-Jules Baroche (1802-1870), avocat et homme politique ; élu député de Rochefort en 1847, il s’opposa à la politique conservatrice de Guizot. Rallié à la Seconde République, il se fait élire à la Constituante et à la Législative où il devient un membre influent du Parti de l’Ordre. Ministre de l'Intérieur (15 mai 1850), puis des Affaires étrangères (10 avril 1851). Ayant applaudi favorablement le coup d'État, il fut chargé d’établir les lois organiques du nouveau régime. Il devint président du Conseil, puis fut ministre de la Justice et des Cultes de 1863 jusqu’au 17 juillet 1869, date de sa démission.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «17 août 1865», correspondance-falloux [En ligne], Année 1865, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Année 1852-1870, Second Empire,mis à jour le : 06/08/2022