CECI n'est pas EXECUTE 17 août 1865

Année 1865 |

17 août 1865

Charles de Lacombe à Alfred de Falloux

Chapuis par Anzan (Haute-Loire), 17 août 1865

Cher Monsieur,

Je tiens à vous dire que je n'ai pas encore à l'heure qu'il est l'ouvrage1 de M. Bougler2. J'ai écrit pourtant deux ou trois jours après vous avoir écrit à vous-même à la librairie Didier pour lui renouveler la demande que lui avait déjà fait le prince Galitzin. Je prie ce dernier, qui sera demain à Paris, de vouloir bien passer encore ; mais peut-être un mot de vous ferait-il plus que toutes nos réclamations. Je vous remercie vivement d'avoir bien voulu écrire à l'amiral Fourichon3; j’espère que la lettre l'aura été rejoindre et qu'il pourra faire entendre sa voix. Je me suis souvenu aussi que M. de Carné4 avec lui son beau-frère Monsieur de la Grandiré, j'ai fait à son obligeance un appel auquel il a on ne peut mieux répondu. Son beau-frère a eu la bonté d'écrire à Lorcerie une lettre très pressante ; j'attends le résultat, en espérant un peu qu'il sera favorable. Notre ami Galitzin pourra vous dire que, si je vous ai importuné pour le moins je le tourmente pour l'année, et il n'est pas le seul. J'ai pu faire déjà quelques heureux et en lisant ces jours-ci dans la Gazette un article où l'on dénonçait la faveur que M. Havin obtenait pour les conscrits de son canton, je me suis dit que les mêmes <mot illisible> d'intimité déguisé avec le gouvernement allaient peut-être bientôt m’atteindre. Il n'y a rien du reste comme ce constat journalier avec les populations pour faire sentir la justesse de la phrase de Monsieur de Tocqueville que de Meaux vient de reproduire dans son très remarquable article. On n'y sent chaque jour un élément nouveau s'ajouter à son influence en même temps que grossir la source de ses devoirs et qu'on se trouve amené à s'occuper davantage des besoins et des vœux de ceux au milieu desquels on habite. Le suffrage universel a cela de bon qu'il fait de la sollicitude pour la population un intérêt autant qu'une obligation, 0l'on finit souvent pas ne chercher que le charme du bien accompli dans ce qui n'avait eu d'abord pour mobile qu'une ambition particulière.

J'ai appris par les journaux que Mgr Nardi5 était en France. Sans doute il sera bientôt au Bourg d’Iré. Aurez-vous la bonté de lui parler de nous, et de lui dire qu'il nous oublie. Il nous avait fait espérer que nous le verrions en Auvergne et depuis longtemps nous ne voyons même plus son écriture. Quelles nouvelles vous donne-t-il d'Europe ! L'augmentation de l'armée pontificale n'est-elle pas un symptôme de l'acceptation de la convention ?

Adieu Cher monsieur et au revoir puisque vous nous permettez de former cet aimable projet. Vous savez avec quel profond attachement je suis tout à vous.

Charles Lacombe

 

1C. Bougler, Mouvement provincial en 1789: Biographie des députés de l'Anjou depuis l'Assemblée constituante jusqu'en 1815, Volume 1, Paris, Didier, 1865.

2Il s'agit d’Édouard Jacques Bougler (1800-1866), magistrat et historien angevin. Substitut à La Flèche et à Angers, puis procureur du roi à Beaupréau. Révoqué en 1830 pour la vigueur de ses opinions légitimistes, il fut rédacteur à la Gazette d’Anjou. Avec la Révolution de 1848, il revint à la magistrature comme conseiller à Angers. Il collabora en même temps à la Revue d’Anjou et à L’Union de l’Ouest. Il rédigea plusieurs ouvrages dont Mouvement provincial en 1789 et Biographie des députés d’Anjou.

3Fourichon, Martin (1809-1884), officier de marine et homme politique.Proche collaborateur du Général Bugeaud lors de la conquête de l’Algérie, capitaine de vaisseau il sera nomme vice-amiral en 1859. Ministre de la Marine et des colonies de 1870 à 1871 et de 1876 à 1877. Député de la Dordogne de 1871 à 1876, il sera sénateur inamovible de 1876 à sa mort.

4Louis Joseph Marcein Carné, comte de (1804-1876), historien et journaliste légitimiste ; attaché et secrétaire d'ambassade sous la Restauration ; il s’était rallié à la Monarchie de Juillet. Il fut un de ceux qui collaborèrent au Correspondant dés sa fondation.. Député du Finistère (collège de Quimper) de 1839 à 1848, il appartint au Parti social de Lamartine, puis défendit les intérêts catholiques. Sous le Second Empire, il collabora au nouveau Correspondant, au Journal des Débats, à la Revue des Deux Mondes et à la Revue Européenne. Il était entré à l’Académie le 23 avril 1863.

5Nardi, Francesco (1808-1877), camérier du pape et auditeur de rote.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «17 août 1865», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1865,mis à jour le : 06/08/2022