CECI n'est pas EXECUTE 31 octobre 1865

Année 1865 |

31 octobre 1865

Adolphe Le Flô à Alfred de Falloux

La Néchoat1, 31 octobre 1865

Très honoré cher ancien collègue,

Je ne saurais vous dire combien j’ai été touché. Je suis reconnaissant de la lettre si bienveillante et si affectueuse que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire ; je serais très fier, je vous assure de pouvoir penser que je mérite tout ce que vous voulez bien me dire d’aimable et de flatteur ; je vous en remercie néanmoins de tout mon cœur, et vous prie d’être bien convaincu qu’aucun témoignage d’estime et de sympathie ne saurait m’être plus précieux que le vôtre.

Je me suis empressé de me mettre en relation avec nos amis et toutes les personnes dont le concours peut-être utile aux intérêts de l’œuvre essentiellement française et catholique que nous avons entreprise, et j’ai trouvé chez vous, sans exception, les meilleurs et plus encourageantes dispositions. J’ai ainsi préparé l’opinion, et, vendredi après les fêtes, nos listes courront dans toutes nos paroisses. Je me suis mis en rapport aussi avec nos amis les plus influents des Côtes-du-Nord, et l’on écrit, de divers côtés, que tout marchera à merveille. Je suis donc plein d’espoir, et compte sur une véritable manifestation, digne de l’imposante cérémonie à laquelle il nous a été donné d’assister à Nantes2 et digne aussi de l’illustre et trop regrettable Général3 qui en était l’objet. J’aurai soin de vous tenir au courant des incidents qui pourraient se produire.

Je vous remercie les renseignements que vous est bien voulu me donner sur la définitive constitution de notre comité. Je me doutais à la vérité de l’adhésion d’aucune des personnes portées sur notre liste ; mais on pouvait craindre une perte d’un peu plus de temps. Il ne nous reste qu’à nommer notre président, ce qui me semble ne devoir être une bien simple formalité. Pour mon compte, je maintiens certes ma voix à notre honorable délégué que sa position centrale, son voisinage du Chillon4 et de Saint Philibert5, et infiniment mieux encore son caractère et la haute estime dont il est entouré, appellent tout naturellement à notre présidence.

Je suis bien reconnaissant de la gracieuse hospitalité que vous avez la bonté de m’offrir, et ce me serait un vrai bonheur de pouvoir l’accepter ; je ne prévois malheureusement pas que ce me soit possible, de longtemps du moins, étant pour plusieurs mois bien occupés, et ma santé n’étant pas non plus aussi bonnes que je le voudrais. Ces doubles embarras m’empêcheront, à mon vif regret, de me trouver le 6 à la cérémonie du Louroux-Béconnais6.

Veuillez agréer, honoré et cher ancien collègue, l’hommage de mes meilleurs sentiments de respectueuse estime et de dévouement.

Le Flo7

1Manoir, propriété du général Le Flô, près de Morlaix (Finistère).

2Oraison funèbre du général Lamoricière, le 9 octobre 1865 à Nantes.

3Général Lamoricière, décédé le 10 septembre 1865.

4Propriété de la famille Juchaut de Lamoricière, le château du Chillon est situé en Maine-et-Loire, au Louroux-Béconnais, non loin du Bourg d'Iré.

5Saint-Philbert de Grand Lieu (Loitre-Atlantique), près de Nantes, ville natale de Lamoricière.

6Village du Maine-et-Loire. Voir note supra.

7Le Flô, Adolphe Charles Emmanuel (1804-1887), général français. Entré à Saint Cyr en 1823, il s’illustra en Afrique du Nord. Promu général en juin 1848, il fut élu député du Finistère à la Constituante où il siégea à droite. Réélu en mai 1849, il combattit Louis-Napoléon. Prévoyant le coup d’État, il soutint comme questeur la proposition Baze de donner au président de l’Assemblée le pouvoir de faire appel directement à la force armée. Arrêté le 2 décembre, il fut incarcéré à Vincennes puis à Ham. Expulsé par décret le 9 janvier 1852, il vécut en Belgique puis en Angleterre. Autorisé à rentrer en 1857, il se retira dans son château, près de Morlaix. Il offrit ses services au moment de la guerre contre l’Allemagne mais il ne fut pas réintégré. Après le 4 septembre 1870, il fut appelé par le gouvernement de la Défense nationale au ministère de la Guerre. Élu à nouveau député du Finistère en 1871, il fut nommé ambassadeur à Saint-Petersbourg. En 1875, il refusa un siège de sénateur inamovible.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «31 octobre 1865», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1865,mis à jour le : 09/08/2022