Année 1867 |
5 février 1867
Fr. Hyacinthe à Alfred de Falloux
Digne1, ce 5 février 1867
Monsieur le comte,
Votre excellente lettre est venue me trouver à Lyon, où j’ai dû me rendre pour des affaires de mon ordre, et je trouve enfin un moment pour y répondre, à Digne, où je goûte un peu de repos en famille. Celui que vous voulez bien m’offrir au Bourg d’Iré est des plus tentants, et je sais par expérience comment on y peut unir à la solitude et à la paix, l’activité d’esprit la plus charmante et la plus fructueuse. Veuillez donc bien croire que si les circonstances ne me permettent pas de profiter actuellement de votre offre si gracieuse, et si bonne, je fais mes réserves pour l’avenir. En arrivant à Paris, je vais y trouver le nouveau volume de Madame Swetchine qui est resté à m’y attendre. Je ne lis plus les journaux depuis quelque temps, et ne le connais point, même par leur organe ; mais je !’imagine ce que doit être la condensation intelligente de ce qu’il y a de plus substantiel et de plus exquis dans ces sept volumes si pleins et si courts. C’est sans doute l’âme de Madame Swetchine plus dégagée des circonstances du temps et du lieu et placée dans des conditions d’influence plus générale sur le monde des âmes. J’emporterai ce précieux volume en Belgique où je vais prêcher 5 sermons (à Bruxelles), dans la seconde partie du mois, et j’en respirerai le suave et salutaire parfum au milieu de ce tumulte des partis extrêmes et de ces brutalités de l’impiété solidaire.
Mes prières sont bien faibles, et je voudrais que Dieu inspirât, à ceux qui veulent bien me porter de l’intérêt, de m’accorder les leurs plutôt que de me demander les miennes. Il me sera cependant toujours bien doux de me souvenir devant Notre Seigneur de vous, Monsieur le comte, et de la noble et chrétienne famille du Bourg d’Iré. Permettez-moi de joindre à cette assurance, celle de mes sentiments les plus respectueux et les plus dévoués.
Fr Hyacinthe de l’Imm. Conc.
1Digne-les-Bains, ville des Alpes de Haute-Provence.
