Année 1868 |
6 février 1868
Charles de Lacombe à Marie de Falloux
Clermont-Ferrand, 6 février 1868
Madame,
J’ai été bien touché de vos bonnes paroles et de vos affectueuses sympathies. Je les méritais car je viens de traverser de ces jours dont les souvenirs restent toute la vie. J’ai eu à deux reprises les plus vives inquiétudes ; j’espère en être sorti aujourd’hui, quoique la journée d’hier, qui a été très mauvaise me fasse encore redouter quelque retour. Pourtant ma chère malade va beaucoup mieux aujourd’hui ; la fièvre a beaucoup diminué, et tout semble indiquer que la crise est passée ...à moins d’une rechute que les prières du Bourg d’Iré contribueront à m’épargner.
J’ai eu, Madame, un nouvel éclaircissement au sujet du jeune Vannier. Le colonel a déclaré au major de son régiment, qui, sur la demande d’un de nos amis, s’intéresse à cette affaire, qu’il n’avait reçu aucune lettre de M. de Falloux et que sans doute on l’aurait déchiré, avec beaucoup d’autres qui lui arrivent chaque jour. Il a fait porter votre protégé sur le registre destiné à la prochaine inspection ; mais je dois vous dire qu’ayant consulté, avec le major le livre d’hôpital il a vu que le jeune Vannier n’y avait jamais figuré pour si peu que ce soit et qu’il est un peu tenté de croire que la maladie est de complaisance. Il serait donc très utile d’avoir un nouveau certificat et une nouvelle note détaillée de M. de Falloux. Je me chargerai de faire remettre le tout à qui de droit. Je préviens aussi M. de Falloux que le général de Courson1 cousin de M. Aurélien de Courson2 habite Clermont3, depuis qu’il est à la retraite, et que si son cousin, avec qui il est très lié, voulait lui écrire un mot il pourrait peut-être contribuer grandement au succès.
Adieu Madame, je compte que vous ne nous oublierez pas et je vous prie d’être l’interprète de ma gratitude auprès de tous les habitants du Bourg d’Iré. J’ose croire à leur sympathie parce que je sais tout ce que j’éprouverai, si je les voyais en proie à nos préoccupations. Veuillez agréer, Madame, et partager avec M. de Falloux l’hommage de mon respectueux et profond attachement.
Ch. Lacombe
1Toussaint Félix Louis Marie Coursson de La Villeneuve (1823-1886), militaire, nommé général de brigade en 1863.
2Aurélien de Courson (1808-1889), archiviste et historien français, il fut l’un des initiateurs du renouveau de l’historiographique, et le fondateur de la Revue de l’Armorique.
3Clermont-Ferrand.
