CECI n'est pas EXECUTE 10 janvier 1870

Année 1870 |

10 janvier 1870

Charles-Hyacinthe Loyson à Alfred de Falloux

Paris, le 10 janvier 1870

Monsieur le comte,

Je n’ai pu répondre qu’à mon retour des États-Unis à la douloureuse lettre que Monsieur le Vte du Breil de Pontbriand1 m’a adressée par votre intermédiaire, après mon départ pour ce lointain voyage. Je viens d’écrire cette réponse, et je tiens à ajouter quelques lignes pour vous remercier de votre propre lettre.

Bien différente de celle de plusieurs de mes anciens amis, elle n’avait rien qui put augmenter mes souffrances dans la grande épreuve où ma conscience, et Dieu, je l’espère, m’ont conduit. Je vous en remercie, et je vous prie d’agréer, Monsieur le comte, l’assurance de ma respectueuse et fidèle affection.

Charles-Hyacinthe Loyson2

1Pontbriand, Auguste Marie Louis Breil de (1806-1896).

2Loyson, Charles (1827-1912) en religion le  P. Hyacinthe. Après un passage chez les Dominicains, il était entré en 1862 chez les Carmes. Prédicateur de Notre-Dame de Paris de 1864 à 1869, il était admiré pour son éloquence et sa générosité. Lié aux catholiques libéraux, ses éloges de 1789 lui attirèrent bientôt de vives attaques de la part des intransigeants. Favorable aux idées modernes, partisan d’un rapprochement entre catholicisme, protestantisme et judaïsme, sa foi sembla quelque peu ébranlée à partir de 1868, année au cours de laquelle il fit par ailleurs connaissance d’une jeune veuve américaine récemment convertie, Mme Émilie Meriman dont il s’éprit et qu’il épousera en 1872. Ses rapports avec plusieurs athées notoires et ses hardiesses de langage le rendirent rapidement suspect à Rome où il dut aller s’expliquer. De retour à Paris il se compromit définitivement par un discours prononcé le 24 juin 1869 au Congrès de la Paix, congrès interconfessionnel. Le général des Carmes lui ayant ordonné de cesser le ministère de ses prédications, le P. Hyacinthe lui adressa, le 20 septembre, sa décision de quitter le Carmel. Excommunié, le P. Hyacinthe n’entendait pas cependant s’éloigner définitivement de l’Église. Il en fut néanmoins rejeté par la proclamation de l’infaillibilité pontificale contre laquelle il publia le 30 juillet 1870 une vive protestation. Il rentra par la suite en relation avec Döllinger. Curé de la paroisse catholique de Genève pendant quelque temps, il fonda à Paris une « Église gallicane » et prêcha partout la réconciliation entre catholicisme et protestantisme. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Liturgie de l’Église catholique gallicane (1883) et Les Principes de la réforme catholique (1878). De plus en plus attaqué pour ses prises de position libérales et déçu par les progrès de l'ultramontanisme, il rompit publiquement avec l’Église en septembre 1869 continuant cependant à se dire « prêtre catholique » puis « prêtre du vrai Dieu ».


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «10 janvier 1870», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1870,mis à jour le : 28/08/2022