CECI n'est pas EXECUTE 6 mars 1871

1871 |

6 mars 1871

Eugène Janvier à Alfred de Falloux

Bordeaux, 6 mars 1871

Cher Monsieur et ami,

Je vous remercie des excellentes paroles que vous avez bien voulu m’envoyer par notre ami M. de Bertou. Permettez-moi de vous entretenir aujourd’hui d’une question qui nous intéresse tous : il s’agit des élections partielles. Le peu d’entente qui existe entre nos amis qui ne sont pas encore organisés me fait regretter d’autant plus vivement que vous n’ayez pas passé par-dessus toutes les considérations de santé et de modestie pour entrer à la chambre. Je reviens à la charge pour vous dire que vous êtes absolument indispensable ; il me semble impossible que vous ne le sentiez pas vous-même.

Andral qui a malheureusement suivi vos errements, permettez-moi de vous le dire, revient sur sa détermination première et comprend l’utilité de faire partie de cette assemblée ; je vous cite cet exemple pour vous déterminer vous même.

L’Ouest ou le midi, où il y a tant de vacances vous laissent évidemment le choix. Je me suis activement occupé de trouver un collège pour Andral. Tous nos amis sont disposés à le porter, mais rien n’est encore bien précis. Cependant à Rennes, où il y a trois vacances, les chances sont plus grandes ; le Journal de Rennes pose sa candidature et Kerdrel a mis en avant son nom avec celui de notre triste ami Cochin.

Si, vous décidant enfin à vous présenter, vous preniez un autre collège que celui-là, il serait urgent que vous utilisiez de votre influence naturellement décisive à Rennes en faveur d’Andral. Le siège de Kerdrel est incontestablement légitimiste ;nos amis n’avaient pas voulu qu’on puisse le donner à Cochin après son attitude lors du plébiscite et surtout à Paris où des engagements d’honneur ont été signés par lui dans le sens le plus anti-monarchique.

Je viens donc vous demander d’agir immédiatement et directement en faveur d’Andral auprès de vos amis de Rennes.

Personne ici ne comprend votre abstention. J’ai souvent entendu dire que, comme celle de Moltke1 vous pourriez conduire les armées loin du champ de bataille et même dans votre propre lit. Décidez-vous donc pour un des collages vacants; il y en a pas un où à tous les titres, vous ne puissiez poser votre candidature avec la certitude du succès. La fusion serait faite si vous étiez ici ; il manque un homme pour décider de toutes ces bonnes volontés.

Agréez, cher Monsieur, l’expression de mes sentiments affectueux et dévoués.

Eugène Janvier

 

1Helmuth von Moltke (1800-1891), général, grand stratège, il joua un rôle de premier plan dans la préparation des campagnes de la guerre austro-prussienne (1866) et dans la Guerre de 1870 contre la France.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «6 mars 1871», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1871,mis à jour le : 20/09/2022