CECI n'est pas EXECUTE 16 juillet 1874

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16 juillet 1874

Emile Jullien à Alfred de Falloux

Montpellier, 16 juillet 1874

Monsieur le comte,

Je vous remercie vivement du bienveillant souvenir que vous voulez bien m'accorder à la fin de votre œuvre. C'est une délicatesse qui m'a vivement touché et pour laquelle je vous exprime toute ma reconnaissance.

Vous voulez bien comme autrefois me provoquer au rôle de censeur. Il est assez dans mes goûts, et mon métier actuel développe singulièrement cette disposition première. Pourtant et en dépit de ma bonne volonté je ne vois pas moyen de mêler la moindre note discordante à votre dernier chapitre. Le ton en effet, ferme, harmonieux, est, à travers sa douceur habituelle, quelquefois bien malin. Une pensée de Joubert1 revient souvent à la mémoire en vous disant : « je voudrais pouvoir casser les vitres et qu’on fût tenté de me les payerr »

Vous avez mainte fois réalisé ce tour de force.

Les critiques (si j'avais à en faire) ne porteraient de loin en loin que sur quelques expressions. Mais ces vétilles, apanage des pédants habitués à poser les mots au trébuchet classique, veulent être indiqués par la parole et non par la plume. D'ailleurs je n'ai aucun texte sous les yeux et je ne puis donner d'indications précises.

Je vous remercie de l'intérêt que vous voulez bien prendre à ma situation. Montpellier me plaît toujours en dépit d'une chaleur vraiment cruelle. J'ai rencontré là du premier coup une situation qui me convient à merveille. J'aurais voulu savoir les intentions de mon titulaire, et c'est même ce qui a retardé cette lettre ; mais je n'ai pu avoir aucun renseignement précis. Mon prédécesseur déclare seulement qu'il ne reviendra ici qu'à son corps défendant. Dès que le moment critique sera venu, je m'empresserai d'avoir recours à votre bienveillant et tout-puissant appui.

J'aurais voulu le justifier d'avance par les travaux. Je m'étais jeté à corps dans les moines d'Orient et commencé à faire connaissance intime avec. Mais les chaleurs ont été plus fortes que mon zèle, j'ai du bien malgré moi poser les armes.

J'espère être à Lyon dans trois semaines, je verrai Monsieur Heinrich et le presserai de vous envoyer un de ses licenciés s'il ne l'a pas déjà fait.

Veuillez présenter à ces dames mes humbles respects et agréer, Monsieur le comte, mes sentiments de profonde reconnaissance.

Em. Jullien

 

1Joubert André (1847-1891), collaborateur du Correspondant de 1869 à 1880 et de plusieurs revues d'Anjou.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «16 juillet 1874», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1874,mis à jour le : 08/11/2022