CECI n'est pas EXECUTE 20 juillet 1874

1874 |

20 juillet 1874

Louis de Loménie à Alfreed de Falloux

Paris, ce 20 juillet 1874

Cher et illustre confrère,

En recevant hier votre billet et la lettre destinée à Madame Ozanam1, je me suis empressé d’aller faire la commission dont vous voulez bien me charger, mais j’ai appris que Madame Ozanam était en Dauphiné à Allevard pour la santé de son petit-fils et ma femme a profité de l’occasion en lui expédiant votre lettre.

Nous sommes bien fâchés d’apprendre que les eaux de Néris2 n’ont pas calmé vos névralgies, mais nous espérons que leur effet salutaire se fera sentir plus tard, comme cela arrive souvent. Vous venez de prouver d’ailleurs, en menant jusqu’au bout votre beau travail sur Monsieur Cochin, que chez vous aussi, l’âme est maîtresse du corps qu’elle anime. L’intérêt de cet ouvrage a été toujours en grandissant et maintenant qu’on va pouvoir le lire de suite et en volume3, je suis convaincu que l’effet sera considérable. Quelle vigueur dans les pages de la fin, comme vous avez admirablement caractérisé cette petite bande d’esprits mal faits et malfaisants dont l’influence est aujourd’hui si désastreuse, et ensuite quelle éloquence noble, émouvante et simple dans la page où vous rassemblez tous les traits si distinctifs de la physionomie de l’homme dont vous venez de raconter la vie. Mais quel dommage (laissez-moi revenir à mon refrain habituel), quel dommage que des facultés si puissantes encore, ne soient pas employées à la direction d’une société, qui ne sait plus du tout où elle va !

Nous attendons ma femme et moi pour quitter Paris que notre fils aîné4, que vous avez bien voulu accueillir avec une bonne grâce si indulgente, ait passé son premier examen de droit, cette opération faite, nous irons nous réfugier à la fin de la semaine sur les bords de l’Oise dans une petite ville où je profiterai de mes vacances pour continuer mes Mirabeau5 et où je serai encore assez près de Paris pour venir de temps en temps à une séance de l’académie.

Veuillez présenter mes hommages respectueux à Madame de Falloux et agréer pour vous, cher et illustre confrère, de la part de Madame de Loménie et de la mienne la nouvelle assurance de mes sentiments les plus dévoués.

L. de Loménie

1Ozanam, Amélie, née Soulacroix (1820-1894), mariée en 1841 à Antoine-Frédéric Ozanam (1813-1853), le fondateur de la Société de Saint-Vincent de Paul, béatifié par Jean-Paul II le 22 août 1997.

2Espérant soigner ses névralgies chroniques, Falloux s’était rendu à Néris-les-Bains, station thermale de l’Allier.

3Publié dans un premier temps dans le Correspondant, la biographie que Falloux consacra à son ami fut édité sous le titre Augustin Cochin, Didier et Cie, Paris, 1875.

4Loménie, Albert Louis Charles de (1856-1910), auditeur au Conseil d’État.

5Il s’agit de son ouvrage publié peu après son décés, Les Mirabeau, 2 vols, E. Dentu, 1879.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «20 juillet 1874», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1874,mis à jour le : 08/11/2022