CECI n'est pas EXECUTE 15 juillet 1875

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15 juillet 1875

Jean-Baptiste Dumas à Alfred de Falloux

Paris 15 juillet 1875

Monsieur le comte,

Permettez que je me rappelle à votre bon souvenir, au moment où je puis vous faire parvenir un exemplaire des séances de la conférence diplomatique du mètre.

Les débats auxquels la question du système métrique a donné lieu, se rattachent directement à la science sans doute, mais divers incidents qui avaient eu lieu récemment en avaient fait une question politique. Il était question de transférer à Berne, à Bruxelles et peut-être ailleurs, le bureau international dépositaire de l’étalon du mètre et de celui du kg, devant servir de prototype pour les poids et mesures de toutes les nations civilisées. La France était menacée de perdre, à cet égard, une prépondérance ou du moins un privilège qui lui appartenait du droit de l’invention et au nom de l’histoire.

J’ai été assez heureux pour faire des combinaisons moins hostiles et plus équitables. Elle a repris la situation d’honneur qui lui était due. Les titres de nos ancêtres de l’Académie des sciences ont été consacrés pour la nouvelle convention.

Je ne puis douter que votre heureuse influence ne se soit fait sentir dans cette circonstance ; la bienveillance particulière de Monsieur le comte d’Apponyi m’en était une preuve ; elle a contribué à faire disparaître toutes les difficultés.

Je me permets de joindre à ces documents, les procès-verbaux des deux conférences monétaires, dont l’objet va devenir l’occasion d’un débat qui ne manquera pas d’intérêt. Il s’agit encore dans cette question de savoir si le système latin du double étalon doit succomber devant la vive opposition qui lui est faite par le nouvel empire d’Allemagne. Vous verrez en parcourant nos procès-verbaux, avec toute la réserve commandée par les circonstances, je m’étais permis néanmoins de mettre en doute la vertu économique du système de l’étalon d’or unique imposé à l’Allemagne. L’expérience démontre qu’elle s’est jetée par là dans les plus graves périls. Mais, elle ne peut pas l’avouer, M. de B. ne devant jamais se tromper. Malgré son infaillibilité notre situation monétaire s’améliore chaque jour et celle de l’Allemagne empire d’heure en heure.

Agréez, Monsieur le comte et très honoré confrère, l’expression de mes sentiments de la plus haute considération.

Dumas, Jean-Baptistei

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Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 juillet 1875», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1875,mis à jour le : 15/11/2022