CECI n'est pas EXECUTE 12 novembre 1878

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12 novembre 1878

François Lagrange à Alfred de Falloux

Paris, 12 novembre 1878

Monsieur le comte,

J’ai oublié hier de vous parler du factum de l’abbé Morel. Hélas ! non je ne connais pas cela. Qu’est-ce que c’est donc ?

Je doute qu’on obtienne du cardinal1 quelque chose. Il a été très bien pour Mgr l’évêque d’Orléans ; il a présidé aux obsèques ; il a écrit une belle lettre pastorale ; il a ordonné un service. En conséquence, Monsieur l’abbé Branchereau2 et moi avons cru convenable de lui offrir un souvenir du cher et grand évêque et nous sommes allés lui porter le buste de Fénelon qu’il avait toujours sur son bureau.

Il nous a dit : «  J’ai reçu une lettre de votre bon évêque, auquel l’évêque d’Autun3 a écrit au sujet de M. V4. mais il n’y a rien à faire. M. V. s’est déshonoré en faisant ce qu’il a fait. S’il continue, et se déshonore davantage, il n’y a qu’à le laisser faire ». c’est phénoménal, mais c’est ainsi.

J’ai écrit de suite à la Défense5 pour qu’elle insère dans sa liste votre offrande. Je ne sais si ma lettre sera arrivée à temps. J’ai hâte, en tout cas, que votre nom paraisse. Il est à lui seul un signal.

Veuillez agréer, Monsieur le comte, l’hommage de tous mes respects.

F. Lagrange

1Mgr Guibert, Joseph-Hippolyte (1802-1886), archevêque de Paris. Nommé évêque de Viviers en 1841, puis archevêque de Tours en 1857, il était plus gallican que libéral. Il ne montra guère de sympathie pour L’Univers. Il avait été nommé archevêque de Paris en 1871 en remplacement de Mgr Darboy tombé sous les balles des Fédérés. Il avait été créé cardinal par Pie IX en 1873.

2Branchereau, Louis (1819-1913), ecclésiastique demeurant alors à Orléans où il est supérieur du grand séminaire. Né à Saint-Pierre Montlimart (Maine-et-Loire), il était entré au grand séminaire d'Angers pour la théologie, après des études au collège de Combrée Il compléta ses études théologiques par deux années à Saint-Sulpice à Paris. Ordonné prêtre en 1843, il partit enseigner la philosophie au séminaire de Clermont, puis à Issy (1850-1853), puis à Nantes où li deviendra supérieur du séminaire avant de se voir confier celui d'Orléans. Dans chacun de ces deux diocèse, il jouissait d'une grande influence. Très proche et très apprécié de Mgr Dupanloup, il publiera le Journal intime de l'évêque (Paris, Douniol, 1912).

3Mgr Perraud Adolphe Louis Albert (1828-1906), prélat. Prêtre de l'Oratoire de France en 1855, professeur d'histoire de l’Église à la Sorbonne en 1865, il fut nommé évêque d'Autun en 1874, puis cardinal en 1893.Normalien de la promotion About, Sarcey, Taine, Weiss, il fut l'auteur de plusieurs ouvrages religieux, l'Histoire de l'Oratoire en France au XVIIIe et au XIXesiècle, de plusieurs études sur le cardinal de Richelieu, le Père Gratry, d'oraisons funèbres et de panégyriques. Il fut élu à l'Académie le 8 juin 1882 en remplacement d'Auguste Barbier qui avait exprimé, avant de mourir, le désir de l'avoir pour successeur, et reçu le 19 avril 1883 par Camille Rousset. Lorsque S. E. le cardinal Perraud arriva au conclave de 1903 qui suivit la mort du pape Léon XIII, le cardinal camerlingue le complimenta et le félicita d'appartenir à l'Académie française.

5La Défense sociale et religieuse, périodique créé en 1876 à l’initiative de Mgr Dupanloup.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «12 novembre 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 24/11/2022