CECI n'est pas EXECUTE 10 juin 1882

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10 juin 1882

Adolphe Perraud à Alfred de Falloux

Autun, 10 juin 1882

M. le Comte

Je vous dois un double remerciement.

Il y peu de jours, j’ai trouvé, en rentrant d’une de mes courses pastorales, les deux volumes1 où sont conservés tant de pages vigoureuses et éloquentes que j’avais lues et admirées autrefois.

Avant-hier, à peine la séance d’élections était-elle terminée que vous aviez la bonté de m’écrire pour m’en faire connaître le résultat.

L’élève de l’École normale dont vous visitiez la modeste cellule il y a 32 ans, en votre qualité de Ministre de l’Instruction publique ne se doutait guère alors qu’il lui serait donné d’aller s’associer un jour, non loin de vous au nombre des quarante.

Le télégramme de M. le secrétaire perpétuel m’est arrivé jeudi à 4h. 1/2 au moment où je revêtais les ornements pontificaux pour porter le saint sacrement dans une pieuse et touchante procession. Il ne pouvait inaugurer sous de plus auspices la haute distinction dont je venais d’être l’objet. J’ai pu tout à mon aise redire à celui que je portais la parole que lui-même adressait à son Père Pater, venit hora: clarifica Filium tuum, ut Filius clarificet te (Joam XCVII, I). Il m’était d’ailleurs infiniment doux de me rattacher ainsi à ces chers souvenirs de mon temps à l’École que j’évoquais un peu plus haut.

En cette année 1850, où l’assistance aux exercices religieux étaient entièrement facultative, j’étais le seul de ma promotion à me trouver chaque dimanche à la messe de notre cher abbé Gratry.

La Providence permet que je sois le premier de cette même promotion où abondaient cependant les esprits distingués, à recevoir l’honneur si justement envié d’une élection à l’académie française.

Cela me prouve combien j’avais raison, dés mes vingt ans, de croire de toute mon âme à la parole du maître et d’y trouver l’orientation de ma vie « Cherchez avant tout le royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît » (S. Mathieu, VI. 33).

Je vous renouvelle, Monsieur le comte, l’expression de ma respectueuse gratitude et de mes sentiments les plus dévoués en N. S.

Adolphe Louis

évêque d’Autun

Mgr Perraud

1Il s'agit de ses Discours et Mélanges politiques qui seront publiés en 1881 chez Plon en 2 vols.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «10 juin 1882», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1882,mis à jour le : 16/12/2022