CECI n'est pas EXECUTE 3 mars 1884

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3 mars 1884

Guillaume-Alfred Heinrich à Alfred de Falloux

Lyon, le 3 mars 1884

Monsieur le comte,

Soyez sans inquiétude, le P. Didon1 n’a rien à craindre des quelques pages2 que je veux lui consacrer. Je suis sans doute sur plus d’un point d’un avis différent du sien. Ce livre des Allemands touche précisément à deux questions que j’ai longuement étudiées: l’Allemagne en elle-même et l’organisation de l’enseignement supérieur. J’ai là-dessus mes idées, dites si vous voulez, mes manies, mes marottes, et je serais indigne de vivre en ce pauvre XIXème siècle où l’on ne trouve pas deux êtres complètement d’accord, si je n’avais à présenter des objections ou des réserves. La forme me semble aussi bien souvent défectueuse. Chicane du vieux professeur, trop habitué à regretter les qui et les que dans les devoirs de ses licenciés ! J’ai dit tout cela en quelques mots à M. Lavedan. J’ai même pu ajouter que je regrettais les éloges donnés par quelques journaux de gauche au P. Didon, louanges que je considère comme de perfides avances. On serait si heureux de ce côté si quelque chute venait à se produire de même qu’on serait, hélas ! ravi en autre lieu que nous ne connaissons que trop bien. Tout cela, Monsieur le Comte, annonce un article qui ne sera pas sans doute sans réserves, mais qui sera, n’en doutez pas non plus, d’une critique respectueuse, courtoise et qui attestera la profonde estime que je fais sur l’auteur. Je vous dirai même qu’à une seconde lecture l’ouvrage me paraît gagner. En un mot je voudrai que le P. Didon lui-même fût l’auteur de l’article, et qu’il pût y trouver la discussion de ses idées au lieu de louanges banales ou des quolibets plus ou moins réussis qu’on lui a trop souvent adressés depuis cette publication. C’est du moins là, Monsieur le comte, ce que je m’efforcerai de faire, et puisqu’il est permis à un vieux professeur d’être pédant, laissez-moi ajouter avec notre <mot illisible>

Et plût au ciel pour couronner l’ouvrage qu’un Falloux voulut bien me donner son suffrage !

Je ne puis vous dire d’ailleurs, Monsieur le Comte, combien j’ai été honoré et touché de la bienveillance que me témoigne votre lettre, et quel prix j’attacherai toujours à vos conseils.

Je me permets de vous adresser un rapport que j’ai dû faire comme secrétaire général à l’Académie de Lyon, et vous prie d’agréer l’assurance des sentiments de profond respect avec lesquels je serai toujours, Monsieur le Comte, Votre très reconnaissant et dévoué serviteur.

G. A. Heinrich3

 

1Didon Henri Louis Rémy (1840-1900), dominicain. Élève du petit séminaire, il avait pris l'habit dominicain dés 1856. Il avait été ordonné prêtre en 1862.

2Il s’agit de son article « Le P. Didon et l’Allemagne », Le Correspondant, 25 mars 1884.

3Heinrich, Guillaume Alfred (1829-1887), professeur et historien. Professeur de littérature étrangère à la Faculté de Lettres de Lyon. Auteur d’ouvrages sur la littérature du Moyen-Age, il était un des collaborateurs du Français et du Correspondant.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «3 mars 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 18/12/2022