CECI n'est pas EXECUTE 15 avril 1884

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15 avril 1884

A. Jardry à Alfred de Falloux

Paris 15 avril 1884

Monsieur le comte,

La visite de Monsieur André1 à Monsieur Belleuvre et Dolbeau2 a porté tout de suite ses fruits. Dès jeudi, j'avais, en effet une nouvelle épreuve qui a regagné l'Anjou dès le lendemain. J'espère que je ne tarderai pas à en recevoir une autre. Monsieur Perrin m'a avoué que les lenteurs que je vous ai signalées provienne du manque de papier dont n'était pas pauvre Messieurs Belleuvre et Dolbeau, Mais, il paraît qu'ils auraient du vous avouer à leur tour que c'était tout à fait leur faute et qu'ils auraient dû être assez prévoyants en demandant à temps un nouvel envoi de papier que Monsieur Perrin n'eut pas fait attendre. Comme Monsieur Perrin s'est plaint lui-même des lenteurs rappelées Et que personnellement Il est décidé à ne pas les souffrir si elles devaient se renouveler, il est vraisemblable qu'elles ne sont pas aussi multipliées et aussi tenaces que celle dont Monsieur Gouin était le principal auteur.

Au moment même où le signal lié l'absence des portraits de Monsieur Cochin dans les exemplaires de sa vie qui vous avaient été remis, vous les receviez directement par la poste, de Monsieur Perrin. Cet envoi après-coup s'explique en ce que les exemplaires dont il s'agit vous ont été remis directement par Monsieur Dolbeau et Belleuvre au lieu de passer tout d'abord par Paris où le portrait s'imprime et où chaque volume en est pourvu avec le plus grand soin.

J'ai passé la soirée de vendredi dernier chez Monsieur Roze3 à qui j'ai remis mon incomplète collection de vos discours agricoles, mais, en l'avertissant que bientôt je serais en mesure de lui remettre les manquants. Il a bien reçu ce que vous les avez renvoyés et va poursuivre l'examen des pièces qu'il a en main de manière à pouvoir vous soumettre les observations que leur lecture lui aura suggérées dés votre prochaine arrivée si elle a lieu avant le 3 mai. À cette date il part pour l'Auvergne où l'appellent les élections municipales.

Je viens d'assister aux funérailles de Monsieur Dumas4 auxquelles il y a eu foule et de bien touchants témoignages des profonds regrets qu'il laisse. Personnellement, je n'oublierai jamais sa bienveillance et l'estime dont il m'avait honoré. Sa vie admirablement remplie et chrétiennement terminée est d’un bel exemple en ce temps de fausse science, de fausse gloire et de défaillance religieuse.

J'ai passé, comme vous devez vous en douter, les fêtes de Pâques à la campagne.Je comptais ramener hier mes chers trésors mais nos excellents amis s'y sont formellement opposés et au fond j'en suis ravi, car rien n'est plus favorable à ma femme comme le calme et l'air pur des champs. Quand à Riri5, il en jouit par tous les temps. Au milieu de ses plaisirs champêtres il ne vous oublie pas, ni sa mère non plus et tous les deux je joignent à moi, Monsieur, pour vous embrasser avec le plus tendre respect.

A. Jardry

P.S. M. Berryer me quitte à l’instant. Il s’est beaucoup informé de vos nouvelles et se réjouit de l’espoir de vous voir bientôt ici. Sa femme est un peu souffrante ; il m’a laissé entendre que ses malaises pourraient bien être les symptômes d’une nouvelles grossesse. Son petit garçon va très bien.

1Secrétaire de Falloux.

2Editeurs-Imprimeurs d’Angers.

3Charles-Ferdinand Roze, fils de Piere-Gustave Roze, il travaillait avec A. de Rességuier sur le manuscrit d'A. de Falloux qui devait réunir plusieurs de ses discours et brochures. L'ouvrage comprenait deux volumes qui seront publiés quelques mois plus tard sous le titre Discours et mélanges politiques, Paris Plon, 1882.

4Dumas, Jean-Baptiste (1800-1884), chimiste et homme politique. Membre de l’Académie des Sciences (1832) et de l’Académie de Médecine (1843), il est l’auteur de plusieurs ouvrages scientifiques. Député en 1849, il fut ministre de l'Agriculture et du Commerce en 1850-1851, et sénateur sous l’Empire. Il avait été à l'Académie française le 16 décembre 1875 en remplacement de François Guizot et reçu le 1erjuin 1876 par Saint-René Taillandier. Il était mort le 10 avril 1884.

5Son fils Henri.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 avril 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 18/12/2022