CECI n'est pas EXECUTE 18 octobre 1884

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18 octobre 1884

A. Jardry à Alfred de Falloux

Paris, le 18 octobre 1884

Monsieur le comte,

J’ai la certitude maintenant que vos fonds laissés entre les mains de M de Rothschild vous rapportent un intérêt annuel de 1 et 1/2 pour %. J’ai vu hier M. Heinrich1 qui m’a tout d’abord it qu’il ne pensait pas que des fonds déposés puissent rapporter le moindre intérêt, l’usage de la maison n’étant pas d’en recevoir avec cette condition. Sur mon affirmation que son collègue M. Gatliffe, m’avait dit le contraire après avoir pris l’avis de M. de Rothschild, il m’a engagé à revenir le lendemain en me promettant d’annoncer ma rente à M. Gatliffe qui certainement me tirerait de mon incertitude sur le taux de l’intérêt en me confirmant son premier dire. C’est, en effet, ce qu’a fait aujourd’hui même M. Gatliffe en m’assurant que c’était bien 1f,50 p. %

Cet intérêt est maigre je le reconnais, mais en considérant la difficulté d’en obtenir un plus élevé avec toute sécurité pour le capital en présence de tout ce qu’assombrit notre avenir politique, peut-être est-il sage que vous laissiez là vos fonds qu’après tout vous pouvez retirer comme et quand vous voudrez. Acheter des titres ou des rentes pour les revendre, c’est très scabreux quand on ne peut pas attendre que les coups de foudre passent, c’est à dire les mouvements de baisse. Or, les fonds sont en ce moment élevés de tous côtés et il suffit d’une mauvaise nouvelles du Tonkin pour amener un cataclysme sur toute la ligne. Vous seul êtes juge si vous pouvez et voulez vous exposer au hasard de l’imprévu et aux <mot illisible> des fonds parfois bien cruels. Je ferai <mot illisble> tout ce que vous me prescrirez.

M. Lemanceau2 m’écrit qu’il est désolé de voir son fils aussi en retard dans ses études et qu’il songe sérieusement à les lui faire terminer ici. Il a déjà directement pris des renseignements à l’institution Chevalier et il me prie de les lui compléter en les étendant même à d’autres institutions qui passeraient pour plus recommandables . Ce que je vais faire avec grand empressement. Il espère qu’à Paris son fils trouvera plus de stimulation et des méthodes plus heureuses, plus pratiques pour ses aptitudes. « Il faut absolument me dit M. Lemanceau qu’il arrive pour les sciences et soit au moins capable d’être reçu à son examen conditionnel ; qu’il puisse faire un notaire ou subir les examens d’admission à une école nationale d’agriculture ».

Je comprends toute sa sollicitude et son ambition paternelle et si je puis en quoi que ce soit le seconder je le ferai avec plaisir.

Je m’apprête à aller passer la journée de demain à Goupillières. Que ne puis-je vous y trainer ! J’espère bien que vous me donnerez bientôt cet inexprimable bonheur.

Je vous embrasse, Monsieur, en attendant du meilleur de mon cœur et avec le plus profond respect.

A. Jardry

 

1Heinrich, Guillaume Alfred (1829-1887), professeur et historien. Professeur de littérature étrangère à la Faculté de Lettres de Lyon. Auteur d’ouvrages sur la littérature du Moyen-Age, il était un des collaborateurs du Français et du Correspondant.

2Jean-Baptiste Lemanceau est le régisseur des domaines de Falloux au Bourg d’Iré.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «18 octobre 1884», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 18/12/2022