1885 |
8 décembre 1885
Paul Perrin à Alfred de Falloux
Paris, le 8 décembre 1885
Monsieur le comte, M. Jardry m’a fait part ce matin de votre impatience bien légitime de voir commencer la composition de vos Mémoires1 et du mécontentement que vous éprouvez du retard qui y est mis. Je viens solliciter votre indulgence à ce sujet et vous donner l’explication de ces lenteurs dont je suis moi-même on ne peut plus contrarié : les imprimeurs sont surchargés de travaux urgents qu’ils doivent livrer dans le courant du mois et pour lesquels ils ont pris des engagements formels ; aussi est-il presque impossible d’obtenir d’eux qu’ils entreprennent un travail nouveau en ce moment ; ils vous renvoient de huit jours en huit jours et cela, le plus souvent, avec une entière bonne foi, persuadés que dans le délai qu’ils indiquent, ils seront débarrassés des ouvrages les plus importants.
J’ai donc éprouvé jusqu’ici une impossibilité matérielle d’autant plus grande que la même situation se retrouve exactement dans toutes les bonnes imprimeries.
Je vous prie instamment, Monsieur le Comte, de ne pas mettre en doute mon désir de vous être agréable et d’activer l’impression des mémoires ; la saison au milieu de laquelle j’ai reçu le manuscrit est seule cause des retards dont vous vous plaignez ; ils vont d’ailleurs prendre fin ; je viens en effet de voir mon imprimeur et d’obtenir de lui la promesse formelle qu’il va s’occuper immédiatement de votre ouvrage ; vendredi ou samedi nous aurons des spécimens de caractères que je m’empresserai de vous soumettre.
Dés maintenant, je pense qu’il sera préférable en deux beaux et fort volumes, si c’est possible comme je le crois plutôt que, de donner trois volumes qui paraîtraient peut-être un peu faibles ; l’ouvrage se présentera ainsi plus sérieusement en public et sera en même temps abordable à un plus grand nombre de personnes puisque son prix sera moins élevé.
J’ai l’honneur d’être avec un profond respect Monsieur le Comte, votre très dévoué et très obéissant serviteur.
V. Perrin
Perrin et Cie éditeur
1Mémoires d’un royaliste, l’autobiographie d’A. de Falloux qui sera publiée par Perrin et Cie en 1888.
