CECI n'est pas EXECUTE 12 décembre 1885

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12 décembre 1885

A. Jardry à Alfred de Falloux

Le 12 décembre 1885

Monsieur et cher Maître, vous avez du recevoir une lettre de M. Perrin vous expliquer lui-même les motifs de ces retards et tout regret de n'avoir pu les faire cesser aussi vite qu'il l'eut voulu. Si vous étiez témoins, comme je le suis, de sa désolation, vous le plaindriez, j'en suis sûr, au lieu de le blâmer. Heureusement que nous touchons à la fin d'une situation que nous déplorons tous et que tous aussi nous aurions voulu éviter. Il y a des impossibilités plus fortes que les plus robustes volontés ; M. Perrin les subit à son corps défendant sans n'y rien pouvoir. Fallait-il abandonner M. Crété et recourir à un autre imprimeur? Outre que Monsieur Perrin dut probablement trouvé les mêmes garanties, il eut rencontré les mêmes obstacles puisque partout c'est la même fièvre de travail de courte durée mais toujours aiguë à cette époque de l'année qui a été, dans son ensemble absolument mauvaise. Le plus sage a donc été de patienter sans cesser de harceler M. Crété pour lui bien faire comprendre les inconvénients d'une coïncidence aussi inopportune au point de vue que vous voulez bien me signaler.C'est ce que M. Perrin n'a cessé de faire sur des visites ininterrompues depuis 15 jours. Encore une fois, je crois que nous touchons à l'expiration de tous ces délais et je le désire vivement parce que vous le désirez beaucoup vous-même.

Il demeure entendu qu'un placard vous sera directement et très régulièrement servi.

M. de Rességuier1 va devenir le nouveau dépositaire aujourd'hui même des trois quarts du manuscrit qu’il me repassera par chapitres au fur et à mesure qu'il les aura lu de manière à vous mettre en mesure d'alimenter très exactement les travaux d'impression.

M. Perrin a dû vous faire connaître son inclination à présenter vos mémoires en deux forts volumes plutôt qu'en trois. M. de Rességuier et moi nous croyons également que ce serait plus heureux pour le succès et pour la vente et plus digne d'un ouvrage de cette importance. Ces volumes seraient à peu près de la force des volumes des Lettres du père Lacordaire.

La poste emporte aujourd’hui' même les deux séance académiques : celle du prix de vertu et celle de la réception de Monsieur Bertrand pour Monsieur de Soucy. À propos des billets de la séance pour la réception de jeudi dernier, n'ayant reçu aucune instruction de votre part pour les utiliser je les ai offerts à M. de Resseguier qui les a refusés. Pour ne pas les laisser faire, cette séance ne s'annonçant pas comme devant être très courue, j'en ai donné deux à un jeune ménage dont le mari, M. Paul Mayel, est lieutenant de vaisseau, a fait une partie de la campagne de Chine avec l'amiral Courbet et se trouve actuellement officier d'ordonnance de la marine. Les deux autres, je les ai offerts à M. d'Otémar, un vieil ami, chef du bureau des archives de la guerre et qui s'était montré entièrement empressé pour moi pour des recherches que j'avais eues à lui demander. Je ne doute pas que vous n’approuviez cette distribution et je vous en remercie vivement ; elle a fait des heureux et m'assure, pour vous si vous en avez besoin, au ministère de la guerre et de la marine des facilités pour tout ce que je pourrais avoir à y demander.

J'espère que vous êtes contents de votre santé pour laquelle les miens et moi nous ne cessons de faire les meilleurs vœux en vous embrassant, Monsieur et cher Maître, avec le plus tendre et le plus profond respect.

Jardry

 

1A. de Rességuier avait été mis à contribution pour le suivi des publications de Falloux (Mémoires d’un royaliste, notamment).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «12 décembre 1885», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1885,mis à jour le : 21/12/2022