CECI n'est pas EXECUTE 19 décembre 1885

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19 décembre 1885

A. Jardry à Alfred de Falloux

Paris, 19 décembre 1885

Monsieur le comte, vous avez du recevoir le premier placard et j'espère que les autres vont suivre sans interruption. Nous avons commencé cependant, M. de Resseguier et moi, votre travail en commun que nous poursuivrons régulièrement surtout si l'Impasse des Jacobins1 et la rue de Saint Pétersbourg sont réguliers dans leurs communications dont nous aurons à tenir compte avant le renvoi à M. Perrin. Je me permets d'appeler votre attention sur les alinéas qu’il serait bon d'observer. Il vaut mieux les noter sur les placards que sur les épreuves pour éviter de trop grands regards après coup qui sont des occasions d'erreurs et de lenteurs. Vous remarquerez que les pages de placards sont de 31 lignes au lieu de 33 que porte le spécimen qui vous a été soumis. Cette réduction de deux lignes a permis d'espacer un peu plus les lignes conservées, Ce qui fait meilleur effet et ce qui n'empêchera pas de condenser dans deux volumes seulement, ce qui est préférable à trois, toute la matière de votre œuvre. Le second spécimen de 31 lignes a été adopté d'emblée par M. de Resseguier et par M. Lavedan et par moi et je ne doute pas que vous acceptiez aussi puisqu'il est mieux que le précédent que vous avez trouvé fort bien.

M. Perrin est enthousiasmé de votre manuscrit.Ce qu'il en a lu avec le peu de temps dont il a pu disposer pour le parcourir lui a laissé l'impression que le succès serait considérable. Aussi il n'a rien négligé pour que l'impression soit irréprochable. Il se propose de faire tirer quelques exemplaires d'amateurs, numérotés sur papier de luxe et naturellement de vous offrir le premier exemplaire qui sera comme une médaille fleur de coin. Mais, ma plume est une bavarde qui m'a trahi, car je ne devais vous en rien dire. Il est vrai qu'avec vous je ne sais rien taire, et c'est là mon excuse qui en vaut bien une autre. Je suis tout à fait surpris que M. de Soucy n'ait pas reçu tout ce qu'il avait demandé par sa note que j'ai sous les yeux. Ce sont bien les pages 97 à 192 et non 113 à 192 que je lui ai envoyées j'en ai d'autant plus la certitude que Monsieur Didot n'a plus dans le volume dépouillé d'où elles ont été extraites ces mêmes pages. Il n'y a guère de chance que M. Didot tombe de nouveau sur un volume dépareillé qui lui permette de répondre à la nouvelle demande de M. de Soucy. Néanmoins il va faire chercher et s'il réussit, il m'enverra les pages que désire Monsieur de Soucy à qui je m’empresserais de les transmettre.

J’ai lu avec infiniment de plaisir le sage et si éloquent discours de Mgr l’archevêque de Rouen2 contre lequel a fulminé si malheureusement Mgr Freppel. On a parlé beaucoup ici de cette affaire, et comme vous le pensez bien, peu à l’avantage de ce dernier. C’est encore une tristesse à ajouter à toutes celles que font naître les temps troublés que nous traversons. Une campagne pareille est de nature à distraire la galerie mais hélas ! aux dépens de tout ce que nous aimons. Que va-t-on faire à Rome ? De quelle côté ira le blâme et sous quelle forme l’enverra-t-on ? J’avoue que je suis fort impatient de le savoir.

Je vous envoie le Soleil d’hier pour que vous y voyez au verso de la première page, que les Études et Souvenirs3 ne sont pas oubliés.

Tous les trois nous vous embrassons, Monsieur, avec le plus rendre respect.

Jardry

P.S.

1Domicile de Falloux à Angers.

2Mgr Thomas, Léon Paul Charles (1824-1894)., évêque de Poitiers depuis 1867. Il sera promu archevêque de Rouen le 24 mars 1884.

3L’ouvrage de Falloux venait d’être publié.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «19 décembre 1885», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1885,mis à jour le : 25/12/2022