CECI n'est pas EXECUTE 21 mai 1882

1882 |

21 mai 1882

Henri Wallon à Alfred de Falloux

Paris 21 mai 1882

Monsieur et très éminent confrère,

Je vous remercie de vos deux beaux volumes de Discours et mélanges politiques1 que vous me faites l’honneur de m’offrir. Vous y répondez par des faits à des hommes qui trouvent commode de s’en prendre à vous des conséquences de leur faute, à un parti qui a perdu la monarchie dans le passé, qui l’a empêché de se rétablir et qui l’aurait fait tomber encore si elle s’était rétablie. Ils pourront aussi avoir la satisfaction de se dire que si la liberté d’enseignement n’a pas eu dans nos dernières assemblées le champion qui avait tant aidé à la faire triompher jadis, si ce qui reste de la loi de 1850 va succomber sans que vous soyez là pour en prendre la défense, c’est à eux qu’on le doit.

Je ne suis pas surpris que vous ne puissiez rien me dire en ce moment sur la succession de M. de Champagny2 et sur les chances de succès qu’y pourrait avoir ma candidature. Mais je pense que si vous, MM. de Broglie, d’Audiffret-Pasquier3, Caro4, Jules Simon, Mézières5 et Camille Doucet6 vous étiez résolument d’accord pour me soutenir, vous me feriez accepter. Le jour où cet accord se manifesterait hautement, je me présenterai en toute assurance. Ce jour est-il venu, ou doit-il être différé ? Vous en jugerez à votre retour à Paris. Si pourtant vous me croyez toujours des titres à l’Académie, il me semble vu l’âge où j’arrive, qu’il ne faudrait pas trop attendre.

Veuillez agréer, Monsieur et très éminent confrère, l’expression de mes sentiments les plus dévoués.

H. Wallon

1Falloux venait de publier Discours et mélanges politiques, Paris, Plon, 1882.

2Champagny, François-Joseph-Marie-Thérèse Nompère, dit Franz, comte de (1804-1882), écrivain ultra-catholique, il venait de mourir, le 4 mai 1882. Il fut le collaborateur de l’ancien comme du nouveau Correspondant, de L’Ami de la Religion et de la Revue contemporaine. IL avait été élu à l’Académie française le 29 avril 1869, en remplacement de Berryer.

3Audiffret-Pasquier, Edme Armand Gaston, duc d' (1823-1905), homme politique français. Auditeur du conseil d’État de 1845 à 1848. Membre du Conseil d'administration des mines d'Anzin. Il devient député de l'Orne en 1871. Inscrit au centre-droit, il contribua à la chute de Thiers. Favorable à la fusion et à la restauration d'une monarchie constitutionnelle, il se résigna, en raison de l'attitude intransigeant du comte de Chambord au vote de la loi du septennat et contribua à la chute du ministère Broglie. Partisan d'une conciliation avec le centre-gauche, il est élu à la présidence de l'Assemblée nationale le 15 mars 1875 et neuf mois plus tard il est élu sénateur inamovible. Il sera élu à l'Académie française le 24 décembre 1878 au fauteuil de Mgr Dupanloup.

4Caro Elme Marie (1826-1887), professeur de philosophie. Disciple de V. Cousin, il publia plusieurs ouvrages de philosophie spiritualiste et fut élu contre H. Taine à l'Académie française le 29 janvier 1874 en remplacement de Ludovic Vitet.

5Mézières Alfred Jean François (1826-1915), essayiste et homme politique. Normalien, professeur de littérature étrangère à la Sorbonne, il fut l'auteur de plusieurs études sur Shakespeare, Dante et Goethe. Journaliste, il participa à la fondation du temps en 1864. Élu en 1881, député de Meurthe-et-Moselle, il siégea avec les républicains opportunistes et fut constamment réélu jusqu'en 1898. Devenu sénateur de ce même département en 1900, il continua de siéger avec le centre gauche. Élu à l'Académie le 29 janvier 1874 en remplacement de Saint-Marc Girardin, il fut reçu le 17 décembre 1874 par Camille Rousset.

6Doucet, Camille (1812-1895), directeur général de l’administration des théâtres, élu à l’Académie française le 7 avril 1865, il sera nommé secrétaire perpétuel en 1876.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «21 mai 1882», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1882,mis à jour le : 11/03/2023