CECI n'est pas EXECUTE 18 octobre 1881

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18 octobre 1881

Henri Wallon à Alfred de Falloux

Paris, 18 octobre 1881

Monsieur et très éminent confrère,

Je suis infiniment touché des témoignages de sympathie que vous me donnez à l’occasion de l’envoi de mon 5e volume. Avant la fin de l’année je pourrai vous envoyer le 6e et dernier qui contiendra les tables avec la conclusion1.

Je vous remercie également de vos bonnes dispositions au sujet de ma candidature si elle se produit : à cet égard je me conformerai à vos conseils lorsque vous aurez pu être mieux renseignés : car je ne puis plus tenter une démarche trop aventurée. Secrétaire perpétuel, en cherchant à entrer à l’Académie française, je croyais honorer mon académie. En échouant une 3e fois je craindrais de la compromettre. Si pourtant ceux qui ont voté pour moi lorsque j’ai été porté contre M. Renan2 vous voulez m’aider à réparer cet échec, les circonstances pourraient être favorables. Il s’agit de remplacer M. Dufaure dont j’ai été le collègue au ministère et qui, dans ces dernières années me témoigner la plus entière confiance au Sénat. En outre plusieurs de ceux qui n’ont pas voté pour moi aux deux dernières élections se montrent tout prêt à m’accueillir. Jules Simon agit en ma faveur et M. Camille Doucet3 m’exprime très cordialement le désir de me voir arriver. Il y a du reste 1 circonstance qui pourrait ajourner ma candidature. Je ne songe à me présenter qu’au 3e fauteuil. Or l’académie doit, m’a-t-on dit, délibérer la semaine prochaine s’il ne conviendrait pas de réserver un de ses fauteuils pour un prélat. Ce fauteuil, si la résolution était affirmative, et si on voulait l’appliquer immédiatement, ne pourrait être que celui de M. Dufaure, et je m’effacerai de très grand cœur, ajournant mes espérances s’il en était autrement, je crois que c’est dans cette séance même que l’on débattra les candidatures possibles, et le moment serait propice pour sonder les dispositions de l’académie à mon égard.

Puisque vous devez voir bientôt M. le duc de Broglie il pourra vous donner des renseignements plus complets et plus sûrs. Quoiqu’il en soit, je ne regretterai pas les circonstances qui m’ont valu de votre part des témoignages si flatteurs.

Veuillez agréer, Monsieur et très éminent confrère, l’assurance de mon entier respectueux dévouement.

H. Wallon

1Histoire du tribunal révolutionnaire de Paris, Paris, Librairie Hachette, 1880-1881 6 volumes.

2Renan Ernest Joseph (1823-1892), écrivain et philosophe. Se destinant à la prêtrise, il fis ses premières études à l’école ecclésiastique de Tréguier (1832-1838). Il vint ensuite achever ses humanités à Paris, à Saint-Nicolas du Chardonnet dirigé alors par l’abbé Dupanloup. Entré au grand séminaire de Saint-Sulpice, il le quittera néanmoins deux ans plus tard. Agrégé de philosophie en 1848, il fut élu au Collège de France en 1862 avec le soutien des bonapartistes libéraux. L’année suivante, il publia sa Vie de Jésus dans laquelle il replaçait le Christ dans son milieu historique. L’ouvrage souleva de vives critiques parmi les catholiques qui obtinrent sa mise à l'Index. Mgr Dupanloup, son ancien professeur organisa même une cérémonie d'expiation collective à Notre-Dame. Un an plus tard, Renan fut contraint, sous la pression du gouvernement, de quitter sa chaire du Collège de France. Il entra à l’Académie française en 1878 et devint administrateur du Collège de France en 1883.

3Doucet, Camille (1812-1895), directeur général de l’administration des théâtres, élu à l’Académie française le 7 avril 1865, il sera nommé secrétaire perpétuel en 1876.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «18 octobre 1881», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1881,mis à jour le : 11/03/2023