CECI n'est pas EXECUTE 19 mai 1878

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19 mai 1878

Henri Wallon à Alfred de Falloux

Paris, 19 mai 1878

Monsieur et très honoré confrère,

M. de Champagny1 vient de me communiquer votre lettre, et malgré l’avis contraire d’un de mes jeunes collègues, qui d’ailleurs votera pour moi, je n’hésite pas à me présenter aux suffrages de l’académie. J’avais d’ailleurs été frappé comme vous de la considération que vous présentez au commencement de votre lettre et cela vaut la peine de risquer quelque chose même un échec si d’ailleurs on a l’assurance qu’il ne peut avoir lieu qu’avec une minorité voisine de la majorité. On me compte 15 voix assurées : 16 si comme j’espère M. le duc d’Aumale vote pour moi ; 17 si M. Nisard2 se joint à vous ; et il a bien des raisons pour n’être pas contre moi. J’en pourrais dire autant de quelques <mot illisible> qui, s’ils me préfèrent M. Renan3 ne pourront pas certainement céder à des sympathies politiques. Je me présenterai donc et je vous remercie du concours que vous avez voulu bien me promettre pour le présent et au besoin pour l’avenir.

Veuillez agréer, Monsieur est très honoré confrère, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.

H. Wallon

1Champagny, François-Joseph-Marie-Thérèse Nompère, dit Franz, comte de (1804-1882), écrivain ultra-catholique, il venait de mourir, le 4 mai 1882. Il fut le collaborateur de l’ancien comme du nouveau Correspondant, de L’Ami de la Religion et de la Revue contemporaine. IL avait été élu à l’Académie française le 29 avril 1869, en remplacement de Berryer.

2Nisard, Désiré (1806-1888), journaliste, littérateur et homme politique. Critique dans plusieurs journaux et revues (Journal des Débats, National, Revue de Paris et Revue des Deux Mondes), il fut professeur d'éloquence latine au Collège de France en 1833, puis d'éloquence française, il fut directeur de l’École Normale et membre de l'Académie des Inscriptions.  Élu à l'Académie française le 28 novembre 1850, il fit partie de la Commission du Dictionnaire.  Député en 1842, il fut sénateur en 1867, il était de sentiment impérialiste.

3Renan Ernest Joseph (1823-1892), écrivain et philosophe. Se destinant à la prêtrise, il fis ses premières études à l’école ecclésiastique de Tréguier (1832-1838). Il vint ensuite achever ses humanités à Paris, à Saint-Nicolas du Chardonnet dirigé alors par l’abbé Dupanloup. Entré au grand séminaire de Saint-Sulpice, il le quittera néanmoins deux ans plus tard. Agrégé de philosophie en 1848, il fut élu au Collège de France en 1862 avec le soutien des bonapartistes libéraux. L’année suivante, il publia sa Vie de Jésus dans laquelle il replaçait le Christ dans son milieu historique. L’ouvrage souleva de vives critiques parmi les catholiques qui obtinrent sa mise à l'Index. Mgr Dupanloup, son ancien professeur organisa même une cérémonie d'expiation collective à Notre-Dame. Un an plus tard, Renan fut contraint, sous la pression du gouvernement, de quitter sa chaire du Collège de France. Il entra à l’Académie française en 1878 et devint administrateur du Collège de France en 1883.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «19 mai 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 13/03/2023