CECI n'est pas EXECUTE 29 décembre 1885

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29 décembre 1885

R. Vögelin de Stein à Alfred de Falloux

11, Christianstrasse, Dresde (Saxe) 29 décembre 1885

 

Bien cher Monsieur le comte,

Je vous écris aujourd’hui pour vous offrir mes vœux et souhaits pour le nouvel an ; c’est si triste de ne pouvoir vous dire en ce jour de vive voix tout ce que je ressens, tout ce que je voudrais vous exprimer, mais puisqu’il n’y a pas moyen de le faire autrement, laissez-moi le faire tant bien que mal par écrit. Dieu m’est témoin que je n’ai pas besoin de la fin de l’année pour former des vœux pour ; mais ce moment me permet de vous exprimer ce que je demande à Dieu chaque soir, c’est-à-dire qu’ils vous accordent encore bon nombre d’années, en bonne santé, en pleine possession de toutes vos facultés, de votre haute intelligence votre grande bonté d’âme parmi nous. Ce vœu est ma prière de chaque soir, puisse une bonne providence l’entendre et me l’accorder !

Je vous remercie aussi très sincèrement de votre amitié envers moi, de tout ce que vous avez bien voulus m’accorder jusqu’à présent ; je ne puis vous rendre en retour qu’un cœur affectueux et reconnaissant joint à une conduite digne de vous. Merci donc de tout ce que vous avez fait pour moi jusqu’à présent et veuillez, je vous prie me conserver votre bonté à l’avenir. Vous serez contents d’apprendre que nous nous portons tous bien et que nous travaillons dur mais aussi le travail a porté ses fruits jusqu’à présent, la jeunesse parle l’allemand assez bien ce qui est une grande satisfaction.

J’ai bien pensé à vous le jour de Noël à l’église. Vous savez que la musique de l’église catholique est célèbre, mais jamais de ma vie je n’avais entendu choses semblables figurez-vous que le Gloria in excelsis Deo furent répondues par les tambours battant aux champs, aux roulement des tambours se joignant des trompettes, les violons, violoncelle et se fondant graduellement dans le jeu de l’orgue qui fit place à 1 magnifique solo, « et in terra pax hominibus ». je n’ai pu empêcher de dire comme un grand fou « Dieu que c’est beau » mais je crois que j’avais les yeux mouillés, ce qui peut bien atténuer un peu la folie. Il me semblait triste de ne pas être à la maison le jour de Noël, et je ressentais comme un espèce de mal du pays. Les différents marchés de la ville étaient changés en forêt de sapins, tout cela pour un arbre de Noël. Nous en avions un aussi, à l’église il y en avait deux, de chaque côté de l’autel, cela formait un magnifique candélabre. Pardon de ces bavardages, je sais que cela vous intéresse un peu puisque vous connaissez ses habitudes du Nord, habitudes qui sont au reste formel. Un de ces jours nous allons connaître la décision de l’académie, vous pensez si ce moment m’intéresse ou non. J’espère que l’impression marche son train, je voudrais bien être auprès de vous maintenant pour lire et parcourir toutes ces pages, si intéressantes. Laissez-moi vous embrasser de tout cœur et croyez-moi à l’avenir comme par le passé votre plus fidèle serviteur.

R. Vögelin de Stein


 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «29 décembre 1885», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1885,mis à jour le : 13/03/2023