CECI n'est pas EXECUTE 2 avril 1884

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2 avril 1884

Marie Antoinette de Villoutreys à Alfred de Falloux

2 avril 1884

Monsieur,

Nous conservons un bien agréable souvenir de l’honneur que nous avons eu de vous recevoir sous notre toit. Monsieur de Villoutreys1 et moi, espérons voir se réaliser pendant la belle saison votre promesse d’une nouvelle et plus longue visite. Cette fois la vieille Anastasie, ex servante de Monsieur Lebrun, sera conviée à vous exprimer sa profonde reconnaissance, car il paraît que laissée en oubli par les enfants de son ancien maître, la petite rente dont elle vous est redevable, est le pain de ses vieux jours. Je compte l’aller voir moi-même prochainement à Saint-Florent.

Je vous remercie, Monsieur d’avoir bien voulu vous occuper de notre pauvre sourde-muette dès votre arrivée à Angers. Si le succès n’a pas répondu à votre charitable démarche, c’est qu’il était impossible de réussir. La cause de cette pauvre enfant est si mauvaise que je n’oserais jamais la plaider auprès de Madame la supérieure de la Forêt. Cependant, Monsieur, grâce à votre haut patronage, je ne veux pas la croire désespérée. Je vous l’exposerai donc simplement : par 1 prodige de charité les sœurs dominicaines se contentent pour chacune de leurs orphelines d’une pension de 200 livres. Plusieurs sont entièrement à leur charge, tel est le cas de Marie Poislane : aucune ressource du côté de la famille ni du bureau de bienfaisance de Mortagne2. Pour que cette enfant ne soit pas remis entre les mains d’un père indigne, nous avons pris cette année la pension de 200 livres à notre compte et serions prêts à la verser à Sainte-Marie. Peut-être une année suffirait pour l’instruction de la jeune fille qui est forte, assez adroite et serait employée utilement dans la maison. Mais si une seconde année était nécessaire la même rente serait continuée. L’heureuse issue de cette bonne œuvre serait pour les dominicaines un grand sujet de joie et de profonde reconnaissance car elles sont désolées de ne pouvoir faire pénétrer l’idée de Dieu dans une intelligence assez développée sous d’autres rapports.

Veuillez agréer, Monsieur, avec les très respectueux hommages de mon mari, l’expression de mes plus distingués sentiments.

Mise de Villoutreys3

1Ernest de Villoutreys de Brignac (1830-1906), maire de Chaudron-en-Mauges (Maine-et-Loire).

2Mortagne-au-Perche (Orne).

3Née Marie Antoinette de La Tullaye (1837-1893).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «2 avril 1884», correspondance-falloux [En ligne], 1884, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 18/03/2023