CECI n'est pas EXECUTE 27 décembre 1864

Année 1864 |

27 décembre 1864

Hippolyte Violeau à Marie de Falloux

Morlaix1, 27 décembre 1864

Madame la Comtesse,

Il faut une bien grande confiance dans la bonté de votre accueil pour oser vous adresser mes pauvres écrits en échange des livres admirables qui me viennent de votre maison.

Cette fois pourtant, vous présentez mieux que mes récits, je suis assuré d’avance de l’intérêt avec lequel vous retrouverez, dans mes notes sur les pauvres dans les campagnes, le nom d’une amie, d’une parenté, de celle qui me valut, il y a bientôt vingt ans, la première lettre de Monsieur le comte de Falloux. Mademoiselle de la Fruglaye2 m’écrivait souvent, et les fragments de correspondance que vous lirez à la suite de l’histoire de la famille Déniel, vous paraîtront comme à moi bien dignes d’être conservés. Je ne puis penser sans un sentiment de profonde tristesse à tous les vides qui se sont faits autour de moi depuis que j’habite Morlaix. Dernièrement encore, c’était Madame de Champagny3 qui nous quittait pour aller rejoindre là-haut sa sœur, son mari, son père.

Trois années se sont écoulées depuis la publication de mon dernier livre, et ce long silence vous dit assez qu’il a fallu, bon gré mal gré, suspendre fréquemment mes travaux. C’est un grand obstacle qu’une santé chancelante, et personne, Madame, ne le sait mieux que la digne compagne de M. le comte de Falloux. Puisse, l’année qui vient, vous apporter, de ce côté, sécurité complète et consolation !

L’éditeur des Histoires de chez nous4, M. Dillet, a remis ou va remettre un exemplaire de ce petit livre aux bureaux du Correspondant. Dans le cas où Monsieur le comte de Falloux aurait occasion d’écrire à M. Douhaire5 ou à la personne qui, ordinairement, rédige, dans cette excellente revue, le bulletin bibliographique, je le prierais de dire en ma faveur un mot de recommandation. Je ne puis oublier l’article méprisant qu’un jeune homme, dont le nom était entièrement inconnu, trouva moyen de faire insérer dans ce recueil. Cette injure me valut une admirable lettre de Monsieur le comte de Montalembert, et toutes sortes de marques de sympathies qui m’arrivèrent de tous les côtés. Cependant, après cette affaire, il m’est permis de me défier de quelques-uns des écrivains secondaires du Correspondant.

Veuillez agréer, Madame, ainsi que Monsieur le comte de Falloux, la nouvelle assurance de mes sentiments de profond respect et de gratitude.

Hippolyte Violeau

1Commune du Finistère.

2Maria de La Fruglaye (1802-1862), femme de lettres.

3Caroline de Champagny, née de La Fruglaye (1805-1864), elle était morte le 26 février 1864.

4Hippolyte Violeau, Histoire de chez nous, C. Dillet, Paris, 1865.

5Douhaire, Pierre-Paul (1802-1889), rédacteur et gérant du Correspondant.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «27 décembre 1864», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, Année 1864, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 18/03/2023