CECI n'est pas EXECUTE 14 février 1867

Année 1867 |

14 février 1867

Ludovic Vitet à Alfred de Falloux

14 février [1867] voir lettre de Berryer à Falloux du 3 mars 1867

Mon cher ami, Lebrun1 a vu son maréchal qui lui a confessé que l’empereur l’avait voulu, avait écrit ad hoc à la reine d’Angleterre et en avait déjà reçu les remerciements.

Il ne reste donc qu’à protester. Je suis allé immédiatement chez Dufaure. Il est absent jusqu’à lundi. Berryer à qui je me suis adressé pense qu’on peut faire une consultation d’avocats. La question de droit ne semble pas douteuse, seulement il ne m’a rien dit de très précis. Sur la manière d’introduire une action en pareille matière. Qui faut-il assigner et devant quel tribunal ?

J’espère que Dufaure sera plus explicite. En attendant je porterais la question demain devant la commission des antiquités à l’académie des inscriptions. Je ne vous cache pas que nous avons là des confrères peu héroïques et que je ne m’attends pas à être chaleureusement appuyé.
Je ferai tout ce qui dépend de moi pour leur mettre le feu au ventre. Ce qui me manque c’est un souvenir un peu net de ses statues. J’en ai un très présent de l’église de Fontevrault2, quant au statues je ne les vois pas. Où sont-elles ? Est-il vrai comme le ministère de l’Intérieur l’a dit à Lebrun qu’elles fussent reléguées dans une cave, qu’elle n’aient aucune valeur et qu’on ne songeait ni à les montrer ni à les voir avant que les Anglais les eussent demandées. L’écrit de Monsieur Pavie3, et le mémoire de Monsieur Godard4 ne me donnent aucune lumière à ce sujet. Priez ce dernier de m’en écrire un mot.

Il est bon que vous sachiez que l’affaire n’est plus dans les attributions du ministère de la maison de l’empereur, ni dans celle du ministre d’État, c’est le ministre de l’Intérieur comme chargé l’administration des maisons de détention qui est destinée à consommer la largesse impériale.

Nous apprendrons un de ces jours que la Saint-Michel, et la Belle jardinière ont été offerts par Sa Majesté à quelques souverains et qu’il en a reçu d’aimable remerciements. Il n’y a qu’une émeute qui peut empêcher ce méfait. Ne vous rappelez-vous pas que la population de Marly s’est opposée à l’envoi de je ne sais plus quels objets d’art réclamé par la maison d’Autriche. Il y a eu de telles émotions populaires que l’envoi n’a pas eu lieu. Je ne vous demande pas de proposer cet exemple à vos angevins, mais s’ils tiennent à leurs statues ce ne sont ni des remerciements ni des raisons qui suffiront à les leur restituer.

Vitet

1Pierre-Antoine Lebrun (1785-1873), homme politique et poète. Député, sénateur et pair de France, il était membre de l'Académie française depuis 1828.

2Ville du Maine-et-Loire.

3Pavie, Théodore Marie (1811-1896), écrivain et orientaliste angevin.

4Godard-Fautrier, Victor (1811-1894), avocat et archéologue préhistorien.

 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «14 février 1867», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1867,mis à jour le : 21/03/2023