CECI n'est pas EXECUTE 8 mars 1869

Année 1869 |

8 mars 1869

Ludovic Vitet à Alfred de Falloux

Paris, 8 mars |1869]

Mon cher ami, vous nous faites bien défaut : cette pauvre académie est à la débandade : quand viendrez-vous ? Vos amis, en particulier, ont bien besoin d’être conduits. Il marchent à l’aventure. Vous savez que, malgré vos réclamations, la candidature dont on vous avait parlé, s’est produite au grand jour. Maintenant que la voilà lancée on se tiendra pour obligé de Monsieur Lamartine1 et tous les masques seront levées. Ne comptez donc plus sur une seule voie de ce côté en faveur d’un candidat complètement libre votre cœur s’établir légitimiste et catholique tout ensemble. Ce candidat ne pouvant malheureusement avoir <plusieurs mots illisibles>.

Vous devez le comprendre, nous ne sommes les maîtres qu’avec votre zèle <mot illisible> : elle s’est constitué un corps d’armée séparée. Nous ne pourrons à nous seuls arriver à plus de 10 à 12 voix. L’échec est donc certain si nous n’avisons pas. Le seul moyen de n’être pas battus c’est de nous contenter d’une demie victoire, de n’avoir que la moitié des candidats que nous souhaitions. Sans celui-là la victoire est certaine à moins de défaillance que je ne suppose pas. À coup sûr si l’évêque se tenait pour ferme pour son candidat2, s’il témoignait de l’indifférence et se laissait entamer (vous savez par qui3) le succès deviendrait douteux mais je ne m’arrête pas à de telles suppositions. La victoire est certaine, si nous la voulons, nous aurons tout au moins un catholique, si nous le voulons. Mais les volontés seront-elles dociles si vous ne venez les conduire ? Ne perdez pas plus loin que Pâques est d’ici là tâchez par lettre de désigner les flottants.

Que dit-on de vos côtés des désagréables révélations qu’un de nous faisait ? N’en est-on pas ému ? Qu’esperez-vous des Sables4 ? Je suppose que vous vous y portez toujours ? S’il en devait être autrement je vous prierais de m’en avertir par ce que alors et seulement alors je connais quelqu’un qui tacherait de <mot illisible> de vous rester.

Portez-vous bien mon cher ami et encore une fois ne venez pas trop tard. Tout à vous.

Vitet

1Décédé le 28 février 1869, Lamartine laissait vacant son siège à l’Académie Française.

2Franz de Champagny, François-Joseph-Marie-Thérèse Nompère, dit Franz, comte de (1804-1882). Il sera élu en remplacement de Berryer, décédé le 29 novembre 1868. Écrivain ultra-catholique, il fut le collaborateur de l’ancien comme du nouveau Correspondant, de L’Ami de la Religion et de la Revue contemporaine.

3Sans doute Thiers.

4Les amis Vendéens de Falloux insistaient pour qu’il se présente dans la circonscription des Sables d’Olonne (Venée) aux élections législatives des 24 mai et 7 juin 1869.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «8 mars 1869», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1869,mis à jour le : 22/03/2023