CECI n'est pas EXECUTE 26 novembre 1861

Année 1861 |

26 novembre 1861

Louis-Jules Trochu à Alfred de Falloux

Paris, 26 novembre 1861

Monsieur le comte,

Revenu à Paris après une absence de cinq mois marquée pour ma famille par les plus douloureuses épreuves, je reçois les deux livres dont vous avez bien voulu me faire l’envoi. Je les lirai avec le vif intérêt qu’avaient déjà excité en moi les volumes précédents dont je devais la communication à l’obligeance de notre ami Jacquelin de Maillé1.

C’est là, Monsieur le comte, une publication excellente, faite pour charmer les amis de la vertu, pour lui ramener les hommes aujourd’hui trop nombreux qui n’y croient guère, enfin pour servir l’utile et digne propagande dont vous êtes dans notre pays l’un des instruments les plus dévoués et les plus honorés.

Vous savez sans doute que, pendant mon absence, une disposition subitement conçue et réalisée m’a enlevé mon aide de camp, et que notre cher Capitan chemine à présent vers le Mexique avec le contre amiral Jurien La Gravière2.

C’est une mission qui mettra en lumière les rares qualités dont il est doué, de son expérience militaire très remarquable pour son âge, enfin ses aptitudes de toutes sortes ; sa jeune carrière en sera bien servie. Mais il s’en faut que cette face prévoyante de la médaille m’empêche d’en apercevoir le revers. Sa santé délicate au plus haut point et trop souvent disputée pourra être gravement compromise dans ces lointaines régions très mal famées. C’est le pays des visuralgies (?), des fièvres malignes, et enfin tout en faisant bonne mine et affectant la sécurité devant l’intéressant famille de ce cher enfant, je reste livré dans le secret de mon cœur à de mortelles inquiétudes.

J’espère, Monsieur le comte, que votre santé persiste à s’améliorer et que nous devrons à cette amélioration de vous voir cet hiver à Paris. Je le souhaiterais vivement, et beaucoup d’autres avec moi, gens de bien connus et inconnus qui vous aiment et se préoccupent de vous avec une sollicitude dont je recueille bien souvent le témoignage.

Je demande à Madame la comtesse de Falloux de vouloir bien recevoir ici l’hommage de mon souvenir le plus respectueux et je suis, Monsieur le comte, avec la plus haute considération votre obéissant et très Affectionné serviteur.

Gal Trochu

 

1Armand Charles Jacquelin de Maillé de la Tour-Landry, 3ème duc de Maillé (1815-1874).

2Jurien de La Gravière, Edmond (1812-1892), militaire, nommé vice-amiral en 1862, aide de camp de Napoléon III en 1864, collaborateur de la Revue des Deux Mondes, il publia des ouvrages sur la marine, et fut nommé membre de l'Académie des Sciences en 1866. Il sera élu à l'Académie française le 26 janvier 1888 en remplacement du baron Charles de Viel-Castel.

 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «26 novembre 1861», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1861,mis à jour le : 06/04/2023