Année 1867 |
3 septembre 1867
Adolphe Thiers à Alfred de Falloux
Paris, 3 septembre 1867
Mon cher confrère,
J’ai beaucoup regretté de n’être pas chez moi quand vous avez essayé de me voir car vous le savez, les entretiens avec vous sont toujours pour moi un plaisir de cœur et d’esprit. J’étais à Trouville1 et je vais pour deux mois m’établir au château de Franconville par Luzarches Seine-et-Oise. Je vais m’y reposer en famille et préparer mes forces pour cet hiver. De nouvelles il n’y en a pas d’autres que celle qui frappent tous les yeux et qui sont de nature à les crever. Au lieu de préparer des alliances sérieuses et silencieuses on est allé afficher à Salzbourg une alliance impuissante et <mot illisibles> qui de plus est provocante de manière que sans vouloir la guerre on travaille à la rendre inévitable2. Chaque fois on serait porté à croire la série des fautes épuisée et chaque fois on la renouvelle. C’est à déconcerter le bon sens et à désespérer le patriotisme.
Il faut se résigner attendre et résister au <mot illisible> autant que possible. C’est ce que je fais, c’est ce que vous feriez si vous étiez auprès de moi, et ce que vous ferez un jour je l’espère, l’année prochaine peut-être car on parle des élections pour 18683. Mais rien n’est certain.
Aujourd’hui acceptez mon amitié et mes adieux pour vous.
Tout à vous
A. Thiers
1Trouville-sur-Mer (Calvados).
2L’entrevue de Salzbourg (août 1867) entre Napoléon III et François-Joseph d’Autriche qui a pour objectif un rapprochement entre les deux empires ne pouvait, aux yeux des observateurs dont Thiers et l’’ensemble des opposants au régime, que servir l’ambition militaire de la Prusse et précipiter la fondation et la consolidation de l’empire allemand. Dés lors, elle ne pouvait qu’être à terme un danger pour la France comme pour l’Autriche.
3Elles seront en définitive repoussées au printemps 1869.
