CECI n'est pas EXECUTE 6 mars 1884*

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6 mars 1884*

Alfred de Falloux à Albert de Rességuier

6 mars 1884*

Cher ami,

Aussitôt votre billet reçu, nous nous sommes jetés sur les chapitres et voici le résultat de notre recherche. M. Castonnet-Desfosses1 (1, rue des Saints-Pères2) a daté sa copie, prise textuellement sur L’Univers, du 19 janvier 1869. Au lieu du 19 janvier ont pourrait lire le 17, mais vous dites que vous avez beaucoup cherché après et avant la date indiquée. Je n’y comprends donc rien du tout. Il faut non seulement que Veuillot ait été de la police mais qu’il ait tenu du diable en personne le don d’ensorceler les gens qui voudraient lui chercher querelle. Trouvez maintenant l’exorcisme où vous

pourrez, mon pauvre cher ami. Pour moi, je n’oserais en faire l’aveu à l’évêque d’Angers qui s’en amuserait trop. En relisant le commencement de l’article (toujours dans la copie Castonnet) je vois que Nettement3 inaugurait une causerie de quinzaine. Si cela peut commencer à vous désensorceler, loué en soit Dieu et soyez-en remercié plusieurs millions de fois.

Quand la lettre de nettement sera trouvée, si elle l’est jamais, j’en demande une copie intégrale et littérale, pourvu que ce ne soit pas aux dépens de vos yeux, mais au profit d’un employé quelconque à qui vous en remettrez le prix que M. Jardry vous restituera de ma part très honnêtement. J’ai une très bonne lettre de M. Heinrich4, en personne, répondant à mes alarmes de Rochecotte et m’assurant qu’il est plein des meilleures dispositions pour le P. Didon5. Il a seulement une autre opinion que lui sur l’Allemagne et il l’exprimera dans les termes les plus respectueusement courtois. À cela ni vous, ni moi ne nous sommes jamais opposés.

Par contre, je n’ai aucune nouvelle de Lavedan6. Il ne m’a pas écrit un mot au sortir de la rue de Varenne, quoi qu’il me l’eut formellement promis. Je vous remercie donc doublement,

cher ami, de m’avoir tiré de peine.

Mille tendresses

Alfred

 

*

9 mai 1879*

Cher ami,

Monsieur de Grandlieu1 ayant mis en situation de réclamer la présidence du Conseil et le portefeuille de M. Ferry, je vous arrive avec cette double ambition. Mon intention est aussi de vous confier l’ambassade de Rome et je vous en avertis d’avance pour que vous preniez disposition comme je prends les miennes.

M. Letort2 venu hier pour me féliciter a, en même temps, soigneusement examiné Mme de Caradeuc3. Il la trouve aussi bien que possible dans son état et autorise mon absence pourvu qu’elle ne soit pas longue. Je pars donc demain pour Angers4, j’y ferai rapidement mes affaires et, si Dieu le permet, je vous embrasserai tous avec grande joie dans l’après-midi

de lundi.

Alfred.

 

*Lettre publiée par Gérald Gobbi, Alfred de Falloux et Albert de Rességuier,une amitié dans le siècle. Correspondance 1879-1886, Paris, Société des Écrivains, 2013.

 

1C’est sous ce pseudonyme que Léon Lavedan collaborait au Figaro.

2Médecin de famille des Falloux.

3Belle-mère d’Alfred de Falloux, Mme de Caradeuc de La Chalotais, descendante de Louis-René de Caradeuc de La Chalotais, célèbre procureur général au Parlement de Rennes (1701-1788).

4Depuis le décès de son épouse, Falloux faisait souvent des séjours dans sa maison de l’Impasse des Jacobins, à Angers.

 

1Castonnet des Fosses, Henri Louis (1846-1898), avocat et historien angevin. Spécialiste de l’histoire de l’Inde, il collabora à plusieurs périodiques dont la Gazette de France et la Revue de l’Histoire des Religions.

2Son domicile parisien dans le 7ème arrondissement.

3Nettement Alfred (1805-1869), homme de lettres et homme politique. Publiciste, catholique et légitimiste ardent, il fonda en L'Opinion publique et collabora à plusieurs journaux légitimistes. Il fut élu à l'Assemblée constituante en 1849.

4Heinrich Guillaume-Alfred (1829-1887), universitaire catholique. Membre des Conférences de Saint-Vincent de Paul, il est professeur de littérature étrangère à la faculté des lettres de Lyon où il avait été élu doyen en 1871. Auteur de nombreux travaux sur la littérature française et étrangère, il collaborait au Français et au Correspondant.

5Heinrich venait de publier, « Le P. Didon et l'Allemagne », Le Correspondant, 25 mars 1884.

6Voir aussi Jean-Louis Ormières, Correspondance d’Alfred de Falloux avec Léon Lavedan (1862-1886), Paris, Honoré Champion, 2013, vol II, p. 840-841.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «6 mars 1884*», correspondance-falloux [En ligne], 1884, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 08/08/2023