CECI n'est pas EXECUTE 4 octobre 1884*

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4 octobre 1884*

Alfred de Falloux à Albert de Rességuier

4 octobre 1884*

Cher ami,

Vous vous trompez absolument quand vous dites que, de mon côté, je ne vous ai point donné de rendez-vous. Je vous ai écrit, il y a près d’un mois déjà, que je vous attendais, soit au Bourg d’Iré, soit à Angers, soit à Rochecotte, que, dans chacun de ces lieux, mon appel et votre chambre étaient en permanence sans que je susse encore lequel des trois pourrait être préféré, parce que j’étais au pouvoir des Quinsonnas1, des Blois2 et des Jardry. Ces deux derniers sont partis hier et avant hier. Les Quinsonnas me restent malgré eux quelques jours encore. Mme de Quinsonnas est aux prises en ce moment avec une urticaire et la fièvre. Elle allait beaucoup mieux hier, elle va encore mieux ce matin. Elle a grande envie de partir, dès qu’elle sera libre. Je suppose qu’elle pourra le faire et qu’elle le fera certainement dans 3 ou 4 jours. Je partirai tout de suite après pour Angers où la mort très imprévue du pauvre M. Loriol3 m’enlève un conseil et un intermédiaire qui m’étaient bien précieux. Quand j’aurai causé un peu à fond avec son successeur, qui sera loin de le remplacer pour moi, j’irai aussitôt vous attendre à Rochecotte.

Ce sera très probablement et au plus tard pour le lundi 13 octobre. Du reste, je crains bien que vous ne me donniez le temps de vous écrire encore une fois d’ici là. Je le ferai, dès que le départ des Quinsonnas sera définitivement fixé. L’évêque d’Angers4 est en ce moment à Segré. Je crois qu’il y aurait été très fraîchement reçu si, avec sa maladresse habituelle, le gouvernement5 n’avait voulu faire de cette réception une question cléricale ou anti-cléricale. Dès lors tous les honnêtes gens se sont employés à en faire une belle manifestation religieuse. Veuillez croire, cher ami, que la sœur St Saint-Joseph et moi avons été de cet avis et nous y sommes fort cordialement employés, j’aurais peut-être été embarrassé de ma personne en cette circonstance mais cette journée de réception était celle de l’enterrement du pauvre Loriol. Je suis parti pour Angers à 7h du matin et ne suis revenu qu’à 6h du soir dans le même wagon que Fitz-James6,

Léonce de Terves7 et Perraudière8 et Henri d’Armaillé9, qui n’ont pas, plus que moi, pu prendre part à la manifestation de Segré. – Au revoir bien prochain. J’espère. Alfred

 

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9 mai 1879*

Cher ami,

Monsieur de Grandlieu1 ayant mis en situation de réclamer la présidence du Conseil et le portefeuille de M. Ferry, je vous arrive avec cette double ambition. Mon intention est aussi de vous confier l’ambassade de Rome et je vous en avertis d’avance pour que vous preniez disposition comme je prends les miennes.

M. Letort2 venu hier pour me féliciter a, en même temps, soigneusement examiné Mme de Caradeuc3. Il la trouve aussi bien que possible dans son état et autorise mon absence pourvu qu’elle ne soit pas longue. Je pars donc demain pour Angers4, j’y ferai rapidement mes affaires et, si Dieu le permet, je vous embrasserai tous avec grande joie dans l’après-midi

de lundi.

Alfred.

 

*Lettre publiée par Gérald Gobbi, Alfred de Falloux et Albert de Rességuier,une amitié dans le siècle. Correspondance 1879-1886, Paris, Société des Écrivains, 2013.

 

1C’est sous ce pseudonyme que Léon Lavedan collaborait au Figaro.

2Médecin de famille des Falloux.

3Belle-mère d’Alfred de Falloux, Mme de Caradeuc de La Chalotais, descendante de Louis-René de Caradeuc de La Chalotais, célèbre procureur général au Parlement de Rennes (1701-1788).

4Depuis le décès de son épouse, Falloux faisait souvent des séjours dans sa maison de l’Impasse des Jacobins, à Angers.

1Officier lieutenant de cuirassiers, Humbert Octavien de Quinsonas (Pourroy de Laubérivière) (1856-1903) venait d'épouser Marie-Anne Félixine de Mackau (1860-1891), nièce d'A. de Falloux.

2Blois Georges Aymar, comte de (1849-1906) neveu de Falloux, propriétaire du château de Huillé (Maine-et-Loire). Maire de Daumeray (Maine-et-Loire) en 1888 puis conseiller général du canton de Durtal (Maine-et-Loire), il fut élu sénateur du Maine-et-Loire en 1895. Réélu en 1897 puis en 1906, il prit place au groupe de la droite monarchiste. Propriétaire d'un domaine agricole, ayant hérité de son oncle Falloux, les célèbres étables du Bourg d'Iré, il intervint dans la plupart des débats agricoles. Il publia les Mémoires d 'un royaliste de son oncle peu après son décès.

Veuf, le comte de Blois venait de se remarier avec Marie-Anne Le Bault de La Morinière (1859-?).

3M. Loriol, notaire, à Angers, il traitait alors, pour le compte d’Alfred de Falloux, la succession complexe de l’héritage de son frère, le cardinal Frédéric de Falloux.

4Mgr Freppel.

5Centré sur l’Union républicaine et la Gauche républicaine, le deuxième gouvernement Jules Ferry (21 février 1883-30 mars 1885) poursuivait sa politique d’affermissement de la république en s’appuyant sur le clivage droite/gauche à travers l’anticléricalisme.

6Fitz-James, Édouard, Antoine, Sidoine de (1828-1906), propriétaire du château de la Lorie, près de Segré, en Maine-et-Loire, et donc voisin de Falloux auquel il est lié d'amitié.

7Terves, Léonce Pierre Gabriel, comte de (1840-1916), homme politique. Candidat conservateur-royaliste en 1876 dans l'arrondissement de Segré, il avait été battu par son adversaire bonapartiste, Louis Janvier de La Motte. Plus heureux dans le même arrondissement, le 21 août 1881, M. de Terves fut élu député par 7,688 voix (14,298 votants, 17,489 inscrits), contre 6,421 au député sortant.

8Henri de La Perraudière, propriétaire foncier et maire de Lué-en-Baugeois (Maine-et-Loire).

9Henri d'Armaillé (1820-1892), fervent légitimiste, propriétaire du château de La Douve, au Bourg d’Iré, proche voisin de Falloux et son épouse.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «4 octobre 1884*», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1884,mis à jour le : 08/08/2023