1885 |
10 juin 1885
Alfred de Falloux à Albert de Rességuier
10 juin 1885*
J’ai trouvé M. Lemanceau1, toutes ses bêtes et un logement passable, mais M. André, et Ernest ont été obligés de se loger dans un autre hôtel. J’avais bien songé à retenir une chambre pour eux, mais j’avais pensé qu’un monsieur qui se faisait annoncer d’avance avec un secrétaire et un domestique serait respectueusement taxé à un prix fou. Il est résulté de ce premier ennui un moment d’inquiétude qui a fini par se terminer sans grand dommage pour personne. Le jugement du jury2 ne sera connu qu’à la fin de la semaine. Il est donc vraisemblable que je demeurerai jusque-là, mais je n’aurai des dates fixes que quand je saurai quelle nourriture et quel repos on trouve ici. Quels qu’ils soient, cher ami, soyez sûr qu’ils ne me dédommageront pas de mon éloignement de la rue de Poitiers3. C’est encore un trait d’avarice qui m’amène ici me trouvant si près de Chartres avec un scrutin académique qui n’avait lieu que le 25, j’ai craint de décourager M. Lemanceau en me montrant si indifférent et de mettre le jury trop à l’aise s’il avait de la mauvaise volonté.
Pardonnez-moi donc, cher ami, obtenez de Dieu que mon avarice si elle réussit, tourne plus tard en bonnes œuvres. Mille tendres souvenirs tout autour de vous.
Alfred
*Lettre publiée par Gérald Gobbi, Alfred de Falloux et Albert de Rességuier,une amitié dans le siècle. Correspondance 1879-1886, Paris, Société des Écrivains, 2013.
1Jean-Baptiste Lemanceau, régisseur du domaine de Falloux ; il présente les bovins des fermes de Falloux aux concours alors nombreux en France.
2Il s’agit du jury chargé de donner des prix aux animaux présentés au concours par Lemanceau.
3Domicile parisien des Rességuier dans le 7ème arrondissement.
